Céréales : les causes du mauvais remplissage des grains

Lors des visites de parcelles de céréales à maturité, certains épis peuvent présenter des grains supérieurs très peu remplis, sur le tiers de la partie supérieure - voire sur la moitié dans les situations plus problématiques - . Des facteurs parasitaires et climatiques peuvent expliquer ces observations

Les rendements sont décevants (-5 à -15 q/ha par rapport à la moyenne inter annuelle), les PS sont parfois moyens à très bas (< 74 en blé tendre dans les situations affectées par un mauvais remplissage).
Dans les parcelles que nous avons visitées juste avant récolte, nous constatons un défaut d'alimentation des plantes, principalement lié au développement de pathogènes : piétin échaudage, rhizoctone, piétin-verse ou fusariose des bas de tige, ainsi que quelques cas de fusariose des épis mais qui ne semblent pas majoritaires.

Des parcelles fortement touchées par le piétin échaudage

Le blanchissement des épis a été très fugace cette année. En revanche, les nécroses racinaires sont bien présentes et les grains des épis mal remplis sur les plantes malades.

Des parcelles touchées par le rhizoctone (la jaillière – 44)

Etat des pieds et des pailles sur la parcelle : les pailles sont précocement « échaudées » par le rhizoctone, l'alimentation des épis a été interrompue avant la fin du remplissage des derniers grains.
(Photos – AM Bodilis- ARVALIS)

Habituellement de faible gravité, les maladies du pied ont cette année fréquemment affecté les parcelles avec des impacts significatifs sur la production. Cette incidence importante, non maîtrisable par une intervention phytosanitaire en culture, s'explique par les conditions douces et très humides en fin de cycle. Parmi les plus nuisibles, on peut noter le piétin échaudage, chroniquement présent dans notre région, et encore tout particulièrement cette année.

Facteurs explicatifs et hypothèses

Le mauvais remplissage des grains est la conséquence de plusieurs facteurs dépressifs liés au climat et au parasitisme induit pas l'excès d'eau et la douceur. Les facteurs parasitaires semblent dominants dans de nombreuses parcelles.

Des facteurs parasitaires

Le développement spectaculaire des maladies du pied a très probablement été favorisé par les conditions très douces de l'hiver puis humides de la fin d'hiver et du printemps. Ainsi, des symptômes superficiels de rhizoctone et de piétin échaudage sur tiges et racines ont été observés dès la fin mars. L'excès d'eau de fin juin a probablement aggravé la situation en favorisant la croissance des champignons pathogènes.
L'absence d'échaudage thermique et de déficit hydrique au remplissage ont masqué visuellement ces effets dépressifs dont les symptômes de ronds d'épis blancs n'ont pas eu le temps de s'exprimer avant maturité. A la récolte en revanche, on note de nombreux épis dressés, non recourbés et noircis de fumagines, champignons saprophytes révélateurs d'un arrêt précoce du remplissage.

Des facteurs climatiques

L'excès d'eau et défaut de rayonnement au cours du remplissage ont également affecté le fonctionnement des plantes et l'efficience des transferts vers les grains. L'offre climatique, exprimée par le ratio [Rayonnement global / température], était largement déficitaire durant cette période d'intempéries (première quinzaine de juin). En revanche, juste après fécondation, l'offre climatique était satisfaisante : contrairement à la campagne 2016, le nombre de grains n'est pas affecté mais c'est leur remplissage qui pâtit des mauvaises conditions climatiques.

Graphiques 1 à 3 : quotient photothermique représenté graphiquement pour 3 phases du remplissage 
- De la méiose à la floraison = détermination du nombre de fleurs fertiles : offre climatique satisfaisante, nombre de grain satisfaisant (sauf zones très hydromorphes) 
- De la floraison au stade grain laiteux = formation des enveloppes des grains
- De grain laiteux à grain pâteux = fin de remplissage : offre climatique déficitaire, le PMG est pénalisé

Anne-Monique BODILIS - Hélène LAGRANGE (ARVALIS - Institut du végétal)