Céréales : Vers un pouvoir renforcé pour les Producteurs dans la fixation des prix de vente ?

Suite aux discussions actuelles à l’Assemblée Nationale sur le projet de loi agricole faisant suite aux États Généraux de l’Alimentation, on peut se poser la question sur le degré de faisabilité d’inverser la fixation des prix dans le domaine des céréales. En effet les prix ne sont fixés ni par les producteurs ni par les acheteurs en France et partout dans le monde. Elle est étroitement corrélée aux prix directeurs mondiaux qui sont devenus la référence de l’ensemble des marchés y compris nationaux.

COMMENTAIRE

Le processus de construction du prix payé aux agriculteurs devrait être inversé en s'appuyant désormais sur les coûts de production des producteurs. Aussi selon les principes de la loi, le contrat et le prix associé seront proposés par celui qui vend, en l'occurrence l'agriculteur. Dans la réalité, il est de notoriété publique que peu de producteurs de matières agricoles connaissent précisément leur prix de revient. Statistiquement difficile à comptabiliser, on évoque souvent le chiffre de 30 % des producteurs de grandes cultures à avoir développé une démarche volontaire de calcul de coût de production pour prendre les bonnes décisions de ventes selon les cours du marché. Selon la méthode de calcul pris en compte, les coûts de production varient entre exploitations et souvent supérieurs au prix de vente.

La recherche d'un prix plus rémunérateur pour les agriculteurs est louable mais en raison d'un marché agricole qui est de plus en plus ouvert sur le monde avec, pour conséquence, une concurrence exacerbée et davantage de volatilité, cela rend l'application des principes de cette loi difficile. Cette dernière devrait pourtant renforcer encore un peu la nécessité et donc l'impératif incontournable de gagner en compétitivité pour tous les maillons de la filière. La loi a donc le mérite d'obliger enfin les producteurs à avoir une bien meilleure connaissance de leur coût de production et à assumer encore un peu plus leur métier de chef d'entreprise. Elle renforce aussi la nécessité de la filière française à imaginer une nouvelle organisation et un nouvel élan pour rester un acteur majeur en matière d'exportations vers les pays tiers, car cela prévaut de l'équilibre de la filière française.

Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire

Lire tout le dossier : PRISME n° 21 – JUIN 2018 -  L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire