Crise de gouvernance chez Tereos: la justice suspend l'exclusion des coopérateurs

Le juge des référés du tribunal de grande instance de Saint-Quentin (Aisne) a suspendu jeudi la décision d'exclusion de trois coopérateurs du sucrier Tereos, dont ils contestent la stratégie, selon une décision que l'AFP a pu consulter.

"Ils sont réintégrés. Le juge a suspendu la décision du conseil de surveillance", a indiqué à l'AFP Me Thibault Guillemin, avocat des trois coopérateurs, qui ne sont cependant pas réintégrés au sein du conseil de surveillance dont ils avaient démissionné. "Le juge des référés motive sa décision par le fait que Tereos doit convoquer une assemblée générale, conformément à ce qui a été demandé. Et donc il faut que mes clients puissent participer à cette assemblée générale pour pouvoir être en mesure de défendre leur point de vue et, le cas échéant, être élus", a estimé l'avocat après consultation de la décision.

"L'urgence se trouve ainsi établie en ce que les demanderesses (les coopérateurs exclus) se trouvent privées par leur exclusion de la possibilité d'être élues au conseil de surveillance dans le cadre de l'assemblée générale", énonce notamment dans ses motivations le TGI de Saint-Quentin dans la décision consultée par l'AFP. Le juge "a considéré qu'il y avait une vraie crise de gouvernance et de démocratie chez Tereos, que cette assemblée générale était nécessaire à la résolution du conflit", estime Me Guillemin.

Contactée par l'AFP, la direction de Tereos n'a pas souhaité réagir dans l'immédiat. "On est super content, c'est la première victoire depuis le temps qu'on en prend plein la gamelle", a déclaré à l'AFP Gilles Bollé, un des coopérateurs exclus. "On va continuer à se battre pour obtenir une assemblée générale de la coopérative", a ajouté M. Bollé, qui souligne qu'il s'agit d'une "suspension de la décision du conseil de surveillance, on n'est pas réintégré définitivement". Pour cela, il faudrait un jugement au fond ou une nouvelle assemblée générale.

La prochaine est prévue en juin, mais les "frondeurs" de la coopérative, qui contestent sa stratégie sur fond de chute des cours du sucre, souhaitent une assemblée générale pleinière le plus tôt possible, afin de révoquer le conseil de surveillance et son renouvellement par les urnes. Ils ont pour cela lancé une pétition qui a obtenu selon eux plus de 2.500 des 12.000 planteurs de betteraves, ce qui ouvrirait la voie à une assemblée générale anticipée, selon les statuts de la coopérative.