Sucre: Cristal Union, bénéficiaire, envisage des rapprochements

Le deuxième producteur français de sucre, Cristal Union (marque Daddy), a réalisé un bénéfice net de 49 millions d'euros lors de son exercice décalé 2017/2018, première campagne post-quotas, malgré la chute des cours mondiaux qu'il compte affronter en opérant des rapprochements.

Son bénéfice est très nettement inférieur à celui de l'exercice précédent (133 millions d'euros), lequel courait toutefois sur 16 mois au lieu de 12 et était à cheval sur deux campagnes. Les ventes s'élèvent quant à elles à 2 milliards d'euros, contre 2,5 milliards lors de l'exercice précédent (sur 16 mois). "Nous n'avions pas anticipé une baisse aussi marquée du marché mondial", a concédé Alain Commissaire, le directeur général du groupe, lors de la présentation des résultats mercredi à Paris.

Les cours mondiaux du sucre ont en effet dégringolé de 25% en 2017, conséquence notamment d'une production qui a explosé en Asie (Inde et Thaïlande, particulièrement), tandis que les producteurs européens ont considérablement accru leur production pour partir à l'assaut d'un marché dérégulé.  

Des opportunités à saisir

"A partir de juillet, le marché a commencé à tourner au fur et à mesure que la mousson est tombée en Inde", témoigne M. Commissaire, pour qui le paysage du marché a changé de manière durable. "L'Inde n'est plus un acteur à 23 millions de tonnes, mais à 27, 28 millions de tonnes et on ne peut pas exclure les 32 millions de tonnes", comme lors de la dernière campagne, a-t-il estimé, ajoutant qu'en Thaïlande, il y a "des acteurs en plein développement".

Insistant tout au long de la conférence sur les investissements consentis pour accroître la compétitivité de son outil industriel, M. Commissaire a conclu: "On va bien, il y a des opportunités à saisir". Il a expliqué que l'heure était venue d'opérer des rapprochements, au lendemain de l'annonce par son concurrent Tereos d'une ouverture de son capital dans les années à venir. Sans donner de noms, il a indiqué que la ou les solutions retenues, "ça peut être des achats, ça peut être des alliances".

"Creux de vague"

Cristal Union dénonce par ailleurs l'interdiction par Bruxelles en avril de néonicotinoïdes considérés comme dangereux pour les abeilles, et que les planteurs utilisaient pour enrober leur semences et éradiquer un puceron responsable de la jaunisse de la betterave, une maladie occasionnant de lourdes chutes de rendements. "Le gouvernement abandonne son agriculture et en abandonnant son agriculture, il abandonne le monde rural", a déclaré à ses planteurs de betteraves et coopérateurs le président de Cristal Union Olivier de Bohan, un message qu'il a répété mercredi. 

Ces éléments, entre autres, ont amené le conseil d'administration du groupe à prendre la décision de supprimer le prix minimum de la betterave payé aux producteurs "dès la campagne 2018". Cristal Union craint dans le cas contraire d'"affaiblir" les exploitations de ses adhérents. Le groupe communique d'ailleurs sa décision de "ralentir" certains programmes d'investissements, sans plus de précisions. "Il y a deux ans, tout le monde s'est pris au jeu" de la fin des quotas et de la dérégulation des marchés, a conclu Olivier de Bohan, estimant ne pas être le seul à avoir vu le marché trop beau. "On passe une tempête, on est dans un creux de vague, mais ça reviendra", veut-il croire.