Grippe aviaire : Des virus influenza qui ont changé de nature

D’une année à l’autre, les virus H5 du clade 2.3.4.4. B évoluent et semblent de mieux en mieux s’adapter aux volailles domestiques.

Les vétérinaires et les experts sanitaires ont été très surpris par l’emballement vendéen. Auparavant cette année, ils avaient remarqué que le délai entre excrétion virale d’un canard contaminé et premiers signes cliniques pouvait atteindre dix, voire quinze jours. De quoi laisser un long temps d’avance à la dissémination du virus.

Selon des analyses génétiques réalisées par l’Anses, le virus a muté en Vendée. Il s’est mieux adapté aux galliformes et est devenu plus pathogène (100 % des dindes peuvent mourir en 48 heures).

 

 
Sarcelles d'hiver. Des migrateurs remontants du sud de l'Europe pourraient être une des sources de contamination. © Pipitaloose

 

Le scénario crédible avancé par l’Anses pour la Vendée est l’introduction de virus par des oiseaux migrateurs remontants ou locaux chassés dans les terres par deux tempêtes (18 et 21 février) ou attirés (labours, épandages), entraînant une forte contamination virale de l’environnement, l’entrée du virus dans le bâtiment puis des contaminations par des transports pouvant expliquer l’apparition simultanée de plusieurs foyers.

Aéroportage et risque d’endémisation

Cette hypothèse paraît confirmée par la découverte sur les côtes vendéennes de nombreux oiseaux marins morts et porteurs de virus, à moins qu’ils n’aient été contaminés par des virus excrétés par les oiseaux domestiques.

Ensuite, la dissémination se met en place de proche en proche par voie aéroportée, une volaille produisant des dizaines ou centaines de milliards de virus. Ils sont véhiculés jusqu’à 500 mètres de distance par les duvets et poussières d’élevage et pénètrent par la ventilation d’air non filtré. Ce scénario en rappelle d’autres survenus précédemment dans le Sud-Ouest et montre l’importance de l’aéroportage qui avait tendance à être sous-estimée.

Aujourd’hui, la crainte des scientifiques est qu’on assiste à un processus d’endémisation, c’est-à-dire que le virus persiste dans l’avifaune résidente qui ne migre pas ou bien qu’il survive à bas bruit dans l’environnement. Selon l’Anses, il faudrait au moins trois mois pour assainir une large zone ayant été fortement contaminée, sachant qu’il faut un à deux mois pour qu’un lisier stocké se décontamine. Dans ces conditions, rien n’exclut l’éventualité d’une reprise épizootique à l’automne prochain.