Grippe aviaire en Pays de la Loire] Une course contre la montre pour contenir l’épidémie

Alors que les foyers d’influenza aviaire continuent d’augmenter en Vendée, les filières et les services de l’Etat se mobilisent pour contenir la diffusion du virus et limiter ses répercussions sur la production.

Selon les chiffres officiels du Ministère de l’Agriculture, le nombre de foyers d’Influenza aviaire dans le grand ouest a atteint 238 cas au 10 mars. La Vendée reste de loin le département le plus touché. De 58 cas vendredi dernier 4 mars, il comptabilisait hier 187 foyers sur plus d’une centaine de communes. Les autres départements impactés sont le Maine et Loire (7 cas), la Loire-Atlantique (37 cas) et les Deux-Sèvres (7 cas).

Le Ministre de l’agriculture Julien Denormandie a réuni hier soir les différents acteurs des départements touchés,- représentants de la filière, de l’Etat, des collectivités -, pour faire un point de situation sur les moyens mis en œuvre pour contenir la diffusion de l’épidémie. « Le constat a été fait d’une mobilisation totale et d’un esprit de solidarité », a souligné Urwana Querrec, conseillère filière animale du Ministère de l’Agriculture lors d’une conférence de presse ce matin.

Elle a rappelé les mesures mises en place :

- Stopper la propagation : Suite au renforcement des mesures annoncées dimanche dernier par le ministère de l’agriculture, deux arrêtés préfectoraux ont été pris les 7 et 8 mars. Ils portent sur l’introduction d’une zone réglementée (départements 85, 44, 49, 79) avec une zone de surveillance élargie à 20 kilomètres autour des foyers et sur l’interdiction de mouvements et des mises en place de volailles, sauf dérogation.

- Dérogation pour les couvoirs : Parue hier, l’instruction technique du 9/3/2022 rend possible le transport des poussins et des œufs à couver des zones de restrictions vers les zones indemnes, à condition du respect d’un protocole dérogatoire très stricte (camions dédiés, désinfection renforcée, conditionnement des poussins dans des cartons à usage unique…). L’objectif est notamment de ne pas compromettre le repeuplement des élevages du Sud-Ouest qui doit démarrer fin mars et dont l’approvisionnement en animaux d’un jour provient essentiellement des Pays de la Loire pour certaines productions.

- Accompagnement des éleveurs touchés : « Une cellule de crise a été mise en place par la préfecture de Vendée pour adapter les moyens au plus près du terrain. L’accompagnement psychologique des éleveurs est indispensable et est proposé par la MSA, les chambres d’agriculture et l’Etat… »

« L’accompagnement des éleveurs est aussi d’ordre financier, avec des indemnisations sanitaires immédiates sous forme d’acompte, complétées dans un second temps par des indemnisations économiques, comme cela a été fait lors des précédentes crises dans le Sud-Ouest. »

- Les moyens d’élimination et de stockage d’animaux en attente d’élimination concernant les foyers de suspicions ou les dépeuplements préventifs augmentent progressivement. « Les capacités d’équarrissage sont maximisées. Nous procédons aussi à des enfouissements réglementaires dans des centres d’enfouissement des déchets. Plusieurs ont été mobilisés en Vendée. D’autres le seront bientôt dans les départements limitrophes. »

Pour l’instant, 1.2 million d’animaux ont été éliminés, dont environ 60% de canards. Il resterait encore 3 millions selon les estimations.  

- Protection des capacités de production : Plusieurs sites stratégiques se trouvent dans la zone réglementée (couvoirs et élevages de reproducteurs) et sont des points clés pour la reprise d’activité. L’objectif est de créer une zone tampon autour des couvoirs. « Un couvoir a été contaminé, les autres sont pour l’instant protégés. » L’ambition de la filière est d’assainir la zone d’ici fin avril.

Il faudra aussi tirer les leçons de ce nouvel épisode. Les experts de l’Anses se sont déjà déplacés sur le terrain pour comprendre les causes de contamination qui seront probablement multifactorielles : migrations ascendantes, capacité de diffusion du virus aéroporté, impact des conditions météorologiques (coups de vent), failles de biosécurité… « Il faudra construire collectivement une nouvelle feuille de route pour éviter que cela ne se reproduise à nouveau. »