L’IBR en Creuse, bilan et perspectives La Loi de Santé Animale européenne et ses impacts sur la prophylaxie

La situation de l’IBR en Creuse continue à évoluer favorablement mais il convient de rester vigilant. Avec la promulgation de la Loi de Santé Animale européenne au printemps 2021, les modalités de dépistage en élevage devraient être modifiées, avec un allègement pour les élevages indemnes

2019-2020 a vu en Creuse une nouvelle baisse du nombre de cheptels IBR positifs et l’absence de nouveau foyer de contamination.

Une situation creusoise favorable avec 98 % de cheptels « indemne d’IBR », facilitant les échanges pour la France ou l’international

puisque des dérogations au contrôle IBR à l’introduction sont alors possibles mais également à l’export, certains pays exigeants des animaux issus de cheptels indemnes d’IBR.

Pas de contamination de cheptel sur la campagne

Depuis octobre 2016, le Laboratoire Départemental d’Analyses d’Ajain dispose d’un outil de confirmation sur sang, le test gE. Un bovin est désormais conclu positif s’il réagit à 3 tests différents consécutivement. Cette amélioration technique a permis de limiter les résultats positifs isolés dans les cheptels mais comme pour toute analyse, il peut y avoir des positivités liées à des réactions croisées avec d’autres herpes virus. C’est ce qui explique la découverte d’un bovin positif dans 3 cheptels indemnes cette année. Nous n’avons pas observé de contamination de cheptel indemne, en revanche, nous enregistrons, dans 20 % des élevages avec des positifs connus, l’apparition de nouveaux animaux contaminés. Cela vient rappeler que la vaccination est un outil intéressant pour limiter les réexcrétions mais la seule solution fiable à long terme est la réforme de tous les animaux positifs d’un cheptel.

 

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Des élevages statués non conformes pour défaut de réalisation de prophylaxie

Dans le cadre du contexte covid, de la souplesse avait été accordée aux éleveurs et aux vétérinaires pour la période de réalisation de la prophylaxie. Cependant, tous les cheptels doivent être dépistés sur la campagne et les 13 élevages n’ayant pas fini leur prophylaxie au 30 septembre ont été déqualifiés avec le statut « non conforme ». Leurs ASDA portent la mention « positif IBR » et ils devront réaliser une campagne de prophylaxie sur les animaux de plus de 12 mois pour lever cette non-conformité.

Une vigilance lors de tous les mouvements d’animaux avec un isolement impératif

Lors des mouvements, le stress occasionné sur les animaux entraîne une baisse des défenses immunitaires qui favorise l’excrétion du virus par les bovins infectés. C’est le principal facteur de risque de contamination de votre troupeau. Si un bovin introduit a été en contact avec des animaux sans garantie IBR (passage par un centre de rassemblement, livraison groupée, retour de marché au cadran…), l’animal est à isoler et à contrôler par une prise de sang pour analyse IBR entre 15 et 30 jours. Une réflexion est en cours avec les opérateurs commerciaux afin de leur rappeler la nécessaire séparation des circuits et de définir les modalités pratiques de mise en place. Pour les rassemblements avec garantie (concours, comices…), le risque IBR est alors maitrisé mais l’isolement reste là aussi nécessaire pour les autres maladies (BVD, grippe).

Une première étape avec l’arrêté ministériel IBR de mai 2016

Cet arrêté visait l’éradication de l’IBR avec l’attribution d’un statut IBR à chaque élevage, le renforcement de la surveillance et de l’assainissement avec des restrictions à la circulation des bovins issus de cheptels non-indemnes d’IBR. Cela a permis de faire passer le nombre de cheptels détenant des animaux positifs de 50 en 2016 à 12 en 2020 ! Des dérogations au contrôle IBR à l’introduction peuvent intervenir si les bovins sont issus de troupeaux indemnes d’IBR avec un transport direct. Sur un an, en Creuse, plus de 8.000 bovins ont pu en bénéficier. Rappelons que la dérogation ne concerne que l’IBR et qu’il est nécessaire de rester vigilant vis à vis d’autres maladies (BVD, paratuberculose, néosporose, besnoitiose…) avec une prise en charge de 50 % des frais d’analyses dans le cadre du billet de garantie conventionnelle.

De nouvelles règles dans le cadre de la Loi de Santé Animale européenne

Pour rappel, ce texte qui vise à harmoniser les règles sanitaires animales dans les pays de l’union européenne devrait être promulgué en avril 2021. Son périmètre est très vaste car il concerne toutes les espèces et la plupart des maladies. Les grands objectifs sont :

  • Fixer les grands principes de prévention et d’éradication contre les maladies animales,
  • Renforcer la prévention et la biosécurité
  • Viser une meilleure détection et un meilleur contrôle des maladies animales, y compris des maladies émergentes liées au changement climatique,
  • Permettre une utilisation renforcée des nouvelles technologies pour les activités de santé animale (surveillance des pathogènes ou identification électronique)
  • Clarifier les responsabilités des opérateurs, des vétérinaires, des laboratoires, des autorités compétentes.
  • Viser à faciliter le commerce tout en protégeant la santé du cheptel et la sécurité sanitaire.

Des allègements pour les cheptels indemnes, plus de contraintes pour les autres

Les grandes lignes de la réglementation ont été communiquées et le programme français de gestion de l’IBR a été reconnu au niveau européen. Cela va permettre aux élevages « indemne d’IBR » de bénéficier directement d’un allègement de prophylaxie. Si le calendrier est respecté, dès le 01 octobre 2021, un tiers des animaux seulement seront désignés pour être analysés en sérologie de mélange, avec des économies importantes à la clé. Pour les élevages en assainissement, le dépistage concernera toujours tous les animaux de plus de 12 mois, mais les analyses seront faites en individuel avec un surcoût important. D’autres évolutions sont également à prévoir, comme l’obligation d’éliminer les animaux positifs dans les cheptels à faible prévalence ou la qualification « indemne d’IBR » d’ateliers d’engraissement dérogataires.

Concernant les mouvements, pour les animaux issus de cheptels indemnes en transport direct et maitrisé, la dérogation sera toujours possible. En revanche, les animaux des cheptels en assainissement ne pourront être vendus pour l’élevage qu’après une mise en quarantaine agréée et contrôle au moins 21 j après le début de la quarantaine.

 

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Un département « indemne d’IBR », pour un bénéfice individuel et collectif

Au niveau individuel, un cheptel « indemne d’IBR » vous permet de bénéficier d’avantages pour la commercialisation et, au niveau collectif, notre situation creusoise laisse entrevoir un allègement de la prophylaxie. Pour finaliser cette éradication, nous sensibilisons chaque éleveur détenant des bovins positifs et restons très attentifs aux bovins ayant transité par des rassemblements ou allotements.  Nous mettons à disposition des outils : formulaire de demande de dérogation, billet de garantie conventionnelle, étiquettes « Bovin non dépisté IBR » et « Bovin positif IBR » à coller sur les ASDA, marquage « Positif IBR » des ASDA. Notre engagement est également financier (mutualisation des coûts d’analyses, aide à la vaccination…). Le « J’apporte des garanties » reste un point majeur de notre concept « Le sanitaire… j’adhère ! ». Pour tout renseignement complémentaire, contactez votre vétérinaire sanitaire, la DDCSPP ou nous-mêmes.

Dr Boris BOUBET – Christophe LE MAUX – GDS Creuse