La punaise diabolique, un insecte opportuniste qui peut attaquer la vigne

La punaise diabolique est présente tout le territoire. Elle peut être à l’origine de dégâts sur les fruits et légumes dont elle se nourrit. À surveiller désormais dans les vignes.

Originaire d’Asie, la punaise diabolique (Halyomorpha halys) est arrivée en Europe en 2004 au Liechtenstein et a été signalée en 2012 en Alsace. « Elle est désormais présente sur toute la France mais les niveaux de population ne sont pas encore inquiétants », souligne Jean-Claude Streito, entomologiste à l’Inrae de Montpellier. Mais au regard de ce qui se passe aux États-Unis, où cette punaise est présente depuis plus longtemps et occasionne de gros dégâts sur pommes, poires et pêches, « il est très vraisemblable, précise Jean-Claude Streito, que les problèmes liés à la punaise diabolique augmentent en Europe dans les années à venir ». Les parcelles de vigne sont pour l’heure épargnées mais à surveiller.

Caractéristiques

Biologie et reconnaissance

Halyomorpha halys est un insecte de l’ordre des hémiptères. Cette punaise mesure entre 12 et 17 mm de long et 7 à 10 mm de large. Elle est reconnaissable à son dos brun-gris, des motifs clairs sur les bords de ses ailes, ainsi qu’à des antennes dotées de deux marques blanches. Elle se différencie des autres punaises par une absence de pointe sous la face inférieure de l’abdomen. La punaise diabolique se reproduit une fois par an sous nos latitudes, une femelle donnant environ 200 œufs par ponte. Elle passe l’hiver au stade adulte dans des crevasses sèches, sous des écorces d’arbres mais également dans des fissures et crevasses de véhicules et divers bâtiments dont les maisons d’habitation. Au printemps, cette punaise reprend son activité à la recherche de ses plantes hôtes et les femelles vont alors déposer leurs œufs sur la face inférieure des feuilles ou d’autres supports. La punaise diabolique est très mobile et change souvent de plantes hôtes.

Nuisibilité

La punaise diabolique est un insecte piqueur suceur qui se nourrit des feuilles et des fruits de ses plantes hôtes. En les piquant pour se nourrir, elle provoque des tâches, voire des pourritures qui rendent les fruits impropres à la consommation. Des premiers dégâts ont été identifiés sur poires en France dans le Sud-Est en 2019. En Italie, des populations plus importantes ont provoqué des dégâts sur les noisettes et aux USA, où cette punaise est présente depuis longtemps, des dégâts sont observés sur de nombreuses cultures. « Le risque de dégâts dans les vignes est encore limité, souligne Jean-Claude Streito, car cette punaise semble préférer d’autres cultures pour le moment. En revanche, il faut rester très vigilant. Le risque semble se situer plus en aval car les punaises peuvent être récoltées en même temps que les raisins et se retrouver dans les cuves donnant alors de très mauvais goûts ».

Lutte

La lutte contre la punaise diabolique s’avère très compliquée pour plusieurs raisons : un nombre élevé de plantes hôtes, sa capacité à changer d’espèces et l’absence de lutte chimique réellement efficace. On ne connaît malheureusement pas pour le moment de prédateurs naturels suffisamment actifs pour contrôler Halyomorpha halys. L’espoir pourrait venir de Trissolcus japonicus, une guêpe asiatique qui pond dans les œufs de la punaise diabolique et qui pourrait ainsi réguler les populations.

Le spectre des plantes hôtes de la punaise diabolique est très large, avec plus de 300 espèces végétales à l’échelle mondiale dont des arbres fruitiers (pêchers, cerisiers, pruniers, abricotiers, poiriers, pommiers…) mais également des légumes (poivrons, haricots, pois, asperges, concombres), des grandes cultures (soja, maïs, tournesol…) et la vigne.
Il faut entre 5 et 10 ans à la punaise diabolique pour s’établir.

Un printemps chaud et sec est favorable à la pullulation de la punaise diabolique.