La relocalisation de l’engraissement en France compense le manque de vaches

La relocalisation de l’engraissement en France, sous l’impulsion des grands groupes industriels, porte ses fruits.

Conjoncture – Les sorties de jeunes bovins et génisses compensent presque la baisse des abattages de vaches allaitantes. D’après l’indicateur hebdomadaire de Normabev, sur les semaines 4 à 11, le nombre de jeunes bovins abattus était en hausse de près de 2% par rapport à 2023, alors que le nombre de femelles abattues était en replis de 1,4% (-7,8% pour le secteur allaitant et -0,05% dans les laitières). Ce schéma mis en place de JB souffre en ce moment de tarifs très élevés dans le secteur maigre avec des équilibres économiques qui vont être difficiles à tenir avec des broutards à plus de 4€/kg vif. 

Face à l’érosion permanente (même ralentie) du cheptel européen, de nombreux pays misent sur l’engraissement d’animaux jeunes. Même si ponctuellement, la tendance française est plus calme dans le jeune bovin, le dynamisme européen reste intact. En Italie, la faiblesse de l’offre liée à la baisse des envois de broutards français l’année dernière continue de soutenir les prix des jeunes bovins, avec des Charolais U à la porte des 6€. En Espagne, l’ouverture du marché algérien a soutenu les prix en début d’année, compensant une demande intérieure relativement faible du fait de l’inflation.  Les JB U se valorisent autour de 5,55€.  En Allemagne, la majorité des JB produits sont de conformation R, pour un tarif proche des 5€, mais la production ne couvre pas la demande, et induit des importations françaises. En Pologne, les abattages de jeunes bovins ont nettement reculé faute de disponibilité en veaux à engraisser. Les tarifs se raffermissent depuis quelques semaines avec des JB R autour de 4,77€.  La France se tient plutôt bien, avec des JB U à 5,55€ (prix en entrée d’abattoir de France-AgriMer), grâce à des ventes vers la Turquie en début d’année. Le renouvellement de ces contrats est très stratégique pour les gros opérateurs.

L’érosion de l’offre dans le secteur des femelles de race à viande est marquée -10% depuis le début d’année. Cela contribue à une bonne tenue des prix, même si ces derniers n’entrent pas dans les critères définis par l’interbev pour les coûts de revient. Le recul de l’indice Ipampa viande bovine (indice des prix d’achat des moyens de production agricoles, base 100 en 2015), se poursuit (-6% sur janvier), mais il reste 7% au-dessus de 2022. Dans les réformes laitières, la stabilisation des prix français a contribué, à réduire les écarts de prix avec nos concurrents européens. Le niveau des importations se replie à 22,6% contre 23,6% il y a un an (chiffre corrigé de l’effet parasite des viandes du Royaume-Uni qui transitent par la France pour être réexportées vers les Pays-Bas). La RHD reste le premier destinataire de ces produits.  Du côté de la consommation, même si elle est ralentie, l’inflation reste très impactante pour les ventes de produits carnés. Depuis le début de 2024, le report de consommation de la viande hachée fraîche, vers le congelé, moins cher (-2% pour le frais et +2% pour le surgelé) est toujours d’actualité, soulignant la descente en gamme des ménages. 

La viande de qualité bouchère reste bien valorisée, mais elle se retrouve de plus en plus sur un marché de niche, pour une population avec des moyens, que ce soit dans la boucherie traditionnelle ou les rayons à la coupe des GMS.