LBC grandes cultures : une méthode, deux scénarios et des co-bénéfices

Le Label bas carbone (LBC) est potentiellement accessible à toutes les exploitations, en conventionnel comme en bio, en système labour, TCS ou semis direct. L’établissement du diagnostic initial offre le choix entre deux scénarios, spécifique ou générique. Les co-bénéfices peuvent être la source d'un bonus financier.

Selon une étude de l’Inrae, les systèmes de grandes cultures représentent à eux seuls 85,6% du potentiel de séquestration des sols agricoles, contre 12,6% pour les prairies permanentes et 1,8% pour le vignoble. C’est dire si le secteur des grandes cultures peut apporter sa pierre à la décarbonation de l’agriculture. Et selon Arvalis, le potentiel de stockage additionnel de carbone se situe en moyenne entre 1 et 2 teqCO2/ha (teq = tonne équivalent). Il réside principalement dans la mise en œuvre et l’extension des cultures intermédiaires (41% du potentiel additionnel), dans l’agroforesterie intraparcellaire (23%), dans l’insertion et l’allongement des prairies temporaires (17%), dans la pratique du semis direct (14%) et enfin dans les haies (3%).

Le stockage de carbone n’est qu’une facette de la décarbonation. Il faut aussi compter avec les réductions des émissions de gaz à effet de serre, liées aux achats d’engrais et de carburant, aux dégagements de N2O associées aux apports d’azote sous quelque forme et enfin au séchage éventuel des grains.

Aucun système exclu

Mise au point par un consortium constitué des instituts techniques (Arvalis, Terres Inovia, Institut technique de la betterave) et du bureau d’études Agrosolutions, la Méthode LBC Grandes Cultures permet de certifier l’amélioration du bilan carbone des exploitations sur un laps de temps de cinq ans, selon un principe d’additionnalité, c’est à dire au-delà des pratiques usuelles et des astreintes réglementaires. Les tonnes de carbone évitées, sous l’effet de mesures de réduction d’émissions et de séquestration, génèrent autant de crédits carbone monétisables auprès d’entreprises et collectivités désireuses de compenser, sur une base volontaire, les émissions résiduelles incompressibles liées à leurs propres activités.

La Méthode LBC Grandes Cultures n’exclut a priori aucun système d’exploitation. On pourrait imaginer que le labour, source de minéralisation du carbone et de consommation de carburant, soit disqualifié. Il n’en est rien, tant les leviers d’action sont divers et variés. A l’opposé, on pourrait penser que le semis direct et l’agriculture de conservation des sols (ACS) ont peu de marge de manœuvre et peu à gagner. C’est faux, parce que la méthode LBC reconnaît les systèmes a priori vertueux.

Scénarios spécifique et générique

Dans tous les cas, le point de départ d’un projet LBC démarre par la réalisation d’un diagnostic initial, auquel sera comparé le diagnostic final au terme des cinq ans. Dans le scénario dit spécifique, le diagnostic initial est établi à partir des pratiques culturales de l’exploitation, plus précisément sur la moyenne des trois ans précédant le début du projet. Lorsque les données des trois années d’historique ne sont pas disponibles (installations, reprise…), il faut recourir au scénario de référence générique. Ce dernier est basé sur les données d’assolement de l’exploitation couplées aux pratiques moyennes issues des enquêtes pratiques culturales départementales, ou régionales si elles sont insuffisantes comme dans le cas du bio. C’est dans ce scénario que s’inscrivent potentiellement les exploitations en ACS. Moins précis que le scénario spécifique, le capital de crédits carbone du scénario générique est oblitéré d’un rabais de 10%, les méthodes LBC impliquant une quantification des incertitudes.

Des co-bénéfices en prime

Au-delà de l’atténuation du changement climatique, la Méthode LBC Grandes Cultures propose des recommandations contribuant, par la mise en œuvre des leviers mobilisés, aux différentes dimensions de l’agriculture durable. Le projet de décarbonation doit ainsi éviter au maximum les impacts négatifs sur les plans économique et social, éviter les éventuels transferts de pollutions sur d’autres compartiments de l’environnement et enfin favoriser l’expression des services écosystémiques supplémentaires, notamment la biodiversité et d’autres services répondant aux attentes sociétales. S’ils ne sont pas traduisibles et donc pas comptabilisés en réduction d’émissions, les services co-bénéfices du projet peuvent constituer autant d’arguments pour mieux valoriser les crédits carbone.