Le marché allemand tire les laitières vers le bas

Les écarts de valorisation des réformes laitières entre la France et l’Allemagne engendrent une telle distorsion de concurrence que nos abatteurs n’arrivent plus à écouler les faibles volumes mis en marché.

Bovins de boucherie – Il y a la loi Egalim, le VBF, le discours des distributeurs et des consommateurs en faveur de la viande française et en face il y a le porte-monnaie des ménagères et la loi du marché pour les transformateurs ou la restauration. Alors que tout le monde subit la hausse de l’énergie et des matières premières, les écarts de valorisation des réformes laitières entre la France et les autres pays de l’U.E. engendrent une telle distorsion de concurrence que nos abatteurs n’arrivent plus à écouler les faibles volumes mis en marché.

Certaines enseignes n’hésitent plus à communiquer et à faire des promotions de viande UE sous couvert de défense du pouvoir d’achat des consommateurs, alors qu’ils se sont engagés sur le VBF. 

Sur un marché français où la consommation se maintient (-1% en 2022), le niveau de l’offre décroît de façon inquiétante et surtout non contrôlée. Cette chute des effectifs de bovins touche l’ensemble des pays de l’UE, mise à part la Pologne qui est stable pour le moment. La solution envisagée pour maintenir le niveau de production en France est de réduire celui des exportations, notamment hors UE. Or aujourd’hui, c’est cette saine concurrence qui permet de tenir les prix des broutards et par le même temps la rémunération des naisseurs (dont le revenu est le plus bas du monde agricole). Certes, des esprits chagrins diront que l’empreinte carbone est mauvaise et que pour le bien-être animal ces derniers doivent rester sur notre territoire, mais aurons-nous les éleveurs, les structures ou les fourrages pour engraisser ces animaux. Les abatteurs poussent pour limiter l’export afin de garder un potentiel de production. Les orientations politiques de la Commission européenne, sous l’influence des associations welfairistes, pourraient œuvrer dans ce sens en durcissant les contraintes à l’export dans les années à venir.    

Pour le moment une majorité de nos broutards allaitants et veaux laitiers part à l’export alors que dans le même temps nous importons plus de 25% de la viande que nous consommons. Mais il ne faut pas voir le marché uniquement sous le regard des volumes traités, c’est surtout le niveau économique et la valeur des produits qui détermine l’équilibre entre l’offre et la demande. La valeur des monnaies, celle du gaz ou du pétrole, et le niveau d’aide de chaque pays pour nourrir sa population sont primordiaux.   

Nous vivons dans un monde de libre-échange où les relations politiques ont également toutes leurs importances.

Ces difficultés sont d’autant plus marquées dans la filière BIO ou les labels, avec des niveaux de vente au consommateur en repli, face à des prix qui ciblent une clientèle aisée. Ces dernières années, la mutation de la consommation s’est accélérée vers des produits de plus en plus transformés. Les "équilibres matières » dans les abattoirs ont été chamboulés, avec de plus en plus de pièces nobles d’hier qui passent au hachoir. Cela a été permis que par la forte réévaluation de ces produits transformés, avec de la viande hachée 15% valorisée en moyenne au détail à 14,95€ dans les GMS et 18,20€ pour le Bio (source RNM). Sauf, qu’en face de ces prix, il y a une réalité budgétaire. Les ménages restent accaparés par la hausse du prix et globalement de la baisse de leur pouvoir d’achat. Cela a des conséquences majeures sur leurs achats de produits alimentaires. Cela touchera particulièrement le tiers des ménages qui ont du mal à boucler leur mois avec des achats de volaille et de porc en nette progression.

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