Le nombre de CEPP progresse... mais pas autant qu’attendu

Le nombre de Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP) a progressé de 34% sur un an mais 30% des entreprises concernées n’ont pas déclaré d’action tandis que le taux d’obligation n’est satisfait qu’à hauteur de 31%.

5,1 millions de Certificats d’économie de produits phytosanitaires (CEPP) obtenus de la part de 707 entreprises sur un total de 16,6 millions d’obligations de certificats exigibles de la part de 1017 entreprises : tel est le bilan dressé par le ministère de l’Agriculture pour l’année 2021. S’il acte une progression de nombre de certificats (+34% par rapport à 2020), il met aussi en lumière une forme de décrochage de la part des distributeurs de produits phytosanitaires puisqu’en 2020, les taux de couverture des obligations, en nombre de CEPP et nombre d’entreprises, atteignaient respectivement les 38,6% et 43,5% contre 30,6% et 32,6% en 2021. Selon le ministère, la baisse des taux de de couverture s’explique par le relèvement des obligations : en 2020, les distributeurs se voyaient assigner un objectif de 9,96 millions de certificats contre 16,6 millions en 2021.

Répartition par levier du nombre de CEPP obtenus en 2021 (Source : ministère de l’Agriculture)
Répartition par levier du nombre de CEPP obtenus en 2021 (Source : ministère de l’Agriculture)

111 actions standardisées

Instaurés en 2016 dans le cadre du Plan Ecophyto, les CEPP visent à réduire le recours aux produits phytosanitaires en imposant aux distributeurs la mise en avant de solutions alternatives, sous la forme d’actions standardisées reconnues pour les économies de produits ou les réductions d'impact qu’elles peuvent générer. Le Plan Ecophyto obéit à la directive européenne 2009/128 qui impose à chaque Etat membre de se fixer des objectifs de réduction d’usage des produits phytos et des risques afférents pour la santé humaine et l’environnement.

Les 5 actions ayant permis d’obtenir le plus de CEPP en 2021 (Source : ministère de l’Agriculture)
Les 5 actions ayant permis d’obtenir le plus de CEPP en 2021 (Source : ministère de l’Agriculture)

Les actions standardisées se rangent dans cinq catégories que sont les méthodes alternatives (type biocontrôle), représentatives de 61% des CEPP délivrés en 2021, les variétés résistantes ou tolérantes (27%), les nouvelles pratiques agronomiques (6%), l’abonnement à des OAD (4%) et enfin les actions permettant de réduire les quantités utilisées (2%). Fin 2021, le dispositif des CEPP comportait 106 actions standardisées correspondant à 2222 références commerciales. Il s’est enrichi de 5 nouvelles fiches en 2022, dont l’une relative au dispositif Performance Pulvé (IFV / INRAE). Celui-ci qualifie la performance des pulvérisateurs viticoles selon leur capacité à utiliser moins d’intrants phytosanitaires tout en maintenant l’efficacité des traitements.

Révision prochaine du plan quinquennal

Le dispositif des CEPP a été pérennisé par la loi Egalim d’octobre 2018, qui actait également la séparation des activités de vente et de conseil, le tout pour tenter d’influer à la source sur la sobriété phytosanitaire.

L’origine du Plan Ecophyto remonte quant à elle à 2008 et avait pour objectif de réduire de 50% en dix ans l’usage des produits phytos, « si possible ». L’objectif a été réitéré en 2018 avec le Plan Ecophyto II+ et 2025 comme ligne d’horizon. Mais il résiste mal à la réalité : en 2021, le Nodu (nombre de doses unités), l’indicateur de suivi du Plan, était équivalant à celui de 2011. Le plan Écophyto arrivant à échéance en avril 2024, le ministère de l’Agriculture a annoncé le lancement d’un travail de réflexion au cours 1er semestre 2023.