Le pointage et la pesée des veaux allaitants s’automatisent grâce à l’imagerie 3D

Une petite révolution se prépare pour le pointage et la pesée des veaux. Les tests d’un prototype démarrent ce printemps. En 2024, les veaux passeront sous des caméras 3 D, et les données seront collectées automatiquement et instantanément.

Après des travaux initiaux conduits par l’Institut de l’élevage et FCEL il y a quelques années, l’imagerie 3D entre en phase de développement pour la pesée et le pointage des veaux allaitants. Le projet Pheno 3D émane d’une demande de modernisation de la part du réseau des organismes Bovins croissance.

L’imagerie 3 D présente en effet l’avantage de faciliter le pointage et la pesée pour toutes les races, dans tous les élevages de France, quelle que soit la densité des élevages au niveau de leur zone géographique. Elle permet d’éliminer « l’effet pointeur », et de rendre homogène l’appréciation morphologique des animaux sur l’ensemble du territoire quels que soient l’élevage et les conditions de pointage. Les organismes Bovins croissance s’affranchiraient aussi des difficultés liées au remplacement de pointeurs agréés – une profession qui pâtit d’un certain turnover.

Les organismes de sélection de toutes les races allaitantes ont été associés dès le début à ce projet. « Un consortium rassemblant France Conseil élevage pour le compte des organismes Bovins croissance, Races de France pour le compte de ses OS allaitants, Allice pour le compte de son OS allaitant, ainsi que l’Institut de l’élevage est en cours de création », explique Maxence Bruyas, responsable du projet pour France Conseil élevage.

C’est bien chaque OS qui validera, à l’issue de la période de tests sur le terrain, l’algorithme qui transformera les images 3D en notes de pointage. Rappelons que le contrôle de performances relève de la responsabilité des OS, qui en délèguent la réalisation au réseau Bovins croissance.

Des algorithmes soumis et validés par chaque OS

L’heure est aux premiers tests sur le terrain d’un prototype, mis au point par 3D Ouest (société spécialisée basée à Lannion en Bretagne). Il se compose de plusieurs caméras 3D, entre lesquelles les animaux passeront une seule fois. Le dispositif fournira les mensurations de l’animal et estimera son poids grâce à son volume.

« Il fera au maximum trois mètres de large pour s’adapter à un maximum de situations en élevage, ces trois mètres constituant un minimum vis-à-vis de la contrainte de la focale pour les caméras 3D. Sa hauteur sera d’environ 2,5 mètres, précise Maxence Bruyas. Le cahier des charges stipule que le dispositif doit pouvoir être utilisé en intérieur et en extérieur. Le sol ne devra pas présenter une pente de plus de 2 %. »

Il fonctionnera sans connexion internet, et le résultat sera disponible instantanément. Il doit aussi être portable et transportable dans tout type de voiture, avec un montage simple et rapide.

Des perspectives pour de nouveaux phénotypes

Ce nouveau dispositif fournira à chaque passage de l’animal une estimation de son poids en même temps que son pointage.. L’organisation et la carte des services des organismes de contrôle de performances vont évoluer. Les compétences d’appréciation morphologique des conseillers resteront indispensables pour continuer à accompagner les éleveurs.

L’imagerie 3 D ouvre de nombreuses autres perspectives. « Quand ce premier projet sur l’appréciation morphologique au sevrage sera maîtrisé, il sera possible d’envisager par exemple des pointages et pesées à d’autres âges, après sevrage. De nouveaux phénotypes pourraient aussi être collectés comme la note d’état corporel, le remplissage du rumen, la morphologie de la mamelle… ». Et une nouvelle étape pourrait concerner le développement d’un dispositif sur smartphone pour évaluer le poids des veaux à la naissance en temps réel.

D’autre part, le dispositif intéresse les autres filières de ruminants.

 

Une phase de tests sur le terrain

Ce changement de méthode entraînera probablement des évolutions des postes de pointage. Certaines notes de pointage évolueront, et de nouvelles apparaîtront. « Il faut attendre la phase de test sur le terrain pour en savoir plus », explique Maxence Bruyas. Le calendrier prévoit une validation dans le courant de l’été 2022, puis un déploiement sur le terrain au cours de l’année 2023 et une utilisation en routine en 2024.