Les chasseurs et les agriculteurs se parlent

Je ne peux pas commencer ce petit mot sans remercier le Président Bonnin et le Secrétaire Général de la Chambre qui est aussi son Référent Chasse, Geoffrey Rivaud, pour m’avoir invité à m’exprimer dans votre hebdomadaire à la veille de l’ouverture de la chasse.

La communication entre chasseurs et agriculteurs est toujours primordiale. Primordiale pour dissiper d’éventuels malentendus et ainsi « désamorcer » les contentieux et enfin pour améliorer la compréhension des pratiques des uns et des autres.

Le dossier « Dégâts de gibier » est évidemment un dossier lourd  d’enjeux,  aussi bien pour le monde agricole que pour la chasse. Les dégâts de sangliers y sont pour beaucoup avec un impact financier énorme. Au plan national, la facture s’élève à plus de 80 millions d’euros, payés par les seuls chasseurs, pour un tableau d’environ 800 000 têtes. De ces seuls chiffres, un calcul simpliste (parce que la situation est très hétérogène selon les départements) laisse penser qu’un sanglier coûte 100 € . C’est aussi un dossier lourd pour les agriculteurs car dans certains départements, les dégâts ne cessent de monter et semblent parfois ne plus pouvoir être contenus. C’est bien sûr une situation totalement exaspérante ou désespérante, d’autant que certaines fédérations de chasseurs sont au bord de l’asphyxie financière. Une discussion est entamée sur la question du financement avec les syndicats agricoles  et l’Etat pour apporter des améliorations à la loi d’indemnisation qui fait peser l’entièreté des dégâts sur les chasseurs alors qu’environ 30% du territoire n’est pas chassé. C’est vrai pour l’Allier.

Chez nous, la dernière campagne d’indemnisation a frôlé les 700 000 €, ce qui constitue un record mais il faut tenir compte que l’augmentation des denrées y était pour environ 180 000 €. Il faut aussi avoir présent à l’esprit que le tableau de chasse a lui aussi battu un record avec 6 000 sangliers prélevés. Les chasseurs ont globalement compris qu’il fallait « faire le job » pour ne pas faire flamber la facture comme dans certains départements voisins : La Saône et Loire, la Nièvre,  le Cher, ont tous dépassé le million d’euros sur les dernières campagnes. La Fédération se donne beaucoup de mal pour limiter la casse : veille permanente sur les zones sensibles (essentiellement le Nord du département), pression sur les détenteurs pour chasser davantage et plus efficacement, recours à la battue administrative chaque fois que la chasse est déficiente sur un secteur.

La problématique engendrée par le sanglier est un fardeau pour les agriculteurs comme pour les chasseurs et ce n’est qu’en restant solidaires que nous parviendrons à maintenir un niveau de dégâts « supportable » qui nous  permette aussi de continuer à faire face à l’indemnisation. Enfin, cette solidarité est essentielle parce qu’elle conditionne en partie la survie de la ruralité dans laquelle nous évoluons et que nous aimons. Agriculture et chasse font aujourd’hui l’objet d’attaques tout aussi incessantes qu’injustes de la part du lobby vert. Nous devons nous convaincre que nous avons de ce point de vue des destins partagés : nous survivrons si nous nous mettons ensemble en ordre de bataille pour résister à la tornade verte qui ne pense aujourd’hui qu’à donner des leçons et à punir.

Chers amis agriculteurs, en cette belle fin d’été, continuons à faire des barbecues entre amis !

Jean-Pierre Gaillard, Président de la Fédération des Chasseurs de l’Allier