L’agroéquipement bien orienté

Après une hausse du marché de 6,5% en 2018, Axema mise sur une croissance de 4,5% en 2019. Le déficit commercial se réduit mais reste conséquent. Les difficultés de recrutement brident la croissance.

Après une croissance de 1,1% en 2017, le marché de l'agroéquipement a progressé de 6,5% pour s'établir à 5,4 milliards €, selon Axema, L'Union des industriels de l'agroéquipement. Ce niveau est dans la moyenne enregistrée sur la période 2012-2018 mais en-deçà des performances connues en 2012 et 2013, dépassant les 6 Mds €. A l'échelle de l'UE, la France se situe au 2ème rang derrière l'Allemagne (6,5 Mds €) et devant l'Italie (3,9 Mds €) et le Royaume-Uni (2,6 Mds €). Si l'on ajoute le marché́ de l'occasion et des services associés au marché du neuf, la France s'octroie la première place du secteur au plan européen, avec un chiffre d'affaires de 17,5 Mds €.

Production en hausse

En ce qui concerne la production d'agroéquipements, la France se situe au 3ème rang européen, avec un chiffre d'affaires de 4,9 Mds € en 2018, en hausse de 5,9%, derrière l'Allemagne (12,6 Mds - chiffres 2017) et l'Italie (7,1 Mds €). La France représente en valeur l'équivalent de 11% des agroéquipements produits en Europe. Les tracteurs représentent 30% de la production nationale. La France est le leader européen dans le matériel de laiterie et occupe la deuxième position sur de nombreux segments tels que la fabrication de tracteurs (21% de la production européenne), de matériel d'élevage (15%), de fenaison (17%) et de produits pour la viticulture (7%).

Déficit commercial en baisse

La production a tiré profit du dynamisme du marché intérieur ainsi que de l'export, qui progresse de 12,5%. La France est le cinquième exportateur mondial d'agroéquipements derrière l'Allemagne, les États-Unis, la Chine et l'Italie. La part de la France dans les exportations mondiales se maintient, voire augmente, depuis quelques années signe là encore d'une grande solidité des positions françaises sur les marchés extérieurs, relève Axema. Le premier importateur de produits français est l'Allemagne (18% des exportations en valeur), suivi du Royaume-Uni (9%), de la Belgique (5,5%), de l'Espagne (5,1%), l'Italie complétant le top 5 avec 4,8% des exportations françaises. Cependant, la balance commerciale française en matière d'agroéquipements demeure négative. Les importations ont augmenté de 13,1% en 2018. Le solde commercial affiche un déficit de 318 M € contre 413 M € en 2017. La France occupe à cet égard l'avant-dernière place en Europe (2017).

Difficultés de recrutement

Dans son rapport économique, Axema pointe deux faiblesses affectant la filière, à commencer par les difficultés de recrutement, qui brident la croissance du secteur. Le défaut d'attractivité́ de la filière n'est pas nouveau mais il s'avère de plus en plus préjudiciable. L'emploi a progressé de +2,1% en 2018 pour atteindre 22.000 salariés en 2018. Une hausse de 2,3% est attendue en 2019, ce qui représente 450 recrutements nets. Depuis 2010, l'emploi salarié a augmenté de +6,5% dans les agroéquipements, alors qu'il a diminué de 5,6% dans l'industrie manufacturière. L'autre faiblesse du secteur a trait aux marges brutes d'exploitation, passées en 2018 au-dessus de la barre des 4% du chiffre d'affaires. Bien qu'en hausse, ce taux reste significativement inférieur à ceux atteints au cours de la période 2006-2008 ou 2011-2013, note Axema.

Quels potentiels d'investissement en 2019 ?

En 2019, Axema anticipe une poursuite de la croissance, avec un marché qui augmenterait de +4,5% pour atteindre 5,6 Mds €. Pour tenter de cerner le marché 2019, Axema a recoupé deux variables que sont le besoin d'investissement net, jaugé à partir de la moyenne des investissements nets sur la période 2012-2017 d'une part, et d'autre la capacité d'investissement, jaugée à partir taux d'évolution du résultat courant avant impôt (RCAI) 2017 sur la moyenne 2011 à 2016. Les exploitations spécialisées en volailles et bovins lait présentent le meilleur profil. Elles ont enregistré en 2017 une hausse de leurs résultats. Leurs investissements ont repris depuis 2017 et 2018 et devraient se maintenir en 2019. En ce qui concerne les grandes cultures (céréales, oléa-protéagineux, cultures industrielles), la hausse des prix du blé tendre, de l'orge ou encore des pommes de terre devrait accroitre leurs potentiels d'investissements. Pour ce qui est des porcins, les investissements ont progressé en 2017, mais la baisse des prix affichée en 2018 pourrait les impacter à la baisse. En viticulture, après deux mauvaises années, la production de vin en 2018 s'est redressée pour dépasser les niveaux atteints en 2015. Les investissements qui ont diminué en 2017, pourraient repartir à la hausse en 2019. Cette hausse générale des productions agricoles observées en 2018, n'a pas profité aux productions animales. Parmi elles, les exploitations spécialisées en bovins viande, en ovins et en caprins conservent des résultats en 2017, bien en-deçà de leurs résultats moyens obtenus de 2011 à 2016. Pour Axema, une interrogation demeure par ailleurs en ce qui concerne les résultats moyens obtenus par les exploitations de polyculture et élevage en 2018 en raison des mauvais rendements obtenus en maïs ensilage.