Le Fête des tracteurs à toute vapeur

Pour sa traditionnelle fête du tracteur, le Conservatoire de l’agriculture (Compa) met à l’honneur les machines à vapeur, énergie originelle de la mécanisation agricole. Entrée libre les 29 et 30 juin à Chartres (Eure-et-Loir).

Après Someca, Farmall, Lanz, Ford ou encore Renault, le Compa et l'association des Amis du Compa ont décidé de mettre à l'honneur la vapeur, à l'occasion de la Fête des tracteurs organisée traditionnellement le dernier week-end de juin. Les visiteurs pourront assister à des démonstrations et des mises en marche de machines anciennes, rencontrer des collectionneurs passionnés, échanger avec les restaurateurs de l'association des Amis du Compa, découvrir le fonctionnement de ces machines à vapeur grâce à des miniatures et à des animations conçues pour petits et grands. Seront exposées des machines à vapeur à poste fixe permettant notamment l'entrainement des batteuses et des routières autonomes. Mais le fardier de Cugnot constituera l'attraction principale de l'exposition : il s'agit en effet du premier véhicule automobile au monde, construit entre 1769 et 1771, par l'ingénieur militaire français Joseph Cugnot.

De la vapeur au pétrole

Si le métier d'agriculteur est le plus vieux du monde, le tracteur agricole n'est pas le premier véhicule automobile inventé par l'Homme. Le fardier est un véhicule à quatre roues et châssis, de 7 m de long sur 2 m de large, supportant à l'avant un moteur à vapeur et une marmite d'eau de 1,5 m de diamètre. Deux pistons verticaux entraînent une unique roue motrice. Le fardier est doté d'un volant, d'un accélérateur agissant sur le robinet à vapeur, d'un frein à pédale et d'une marche arrière. Sa fonction ? Déplacer les canons, en remplacement des chevaux. Une cinquantaine d'années plus tôt, en 1712, l'anglais Thomas Newcomen avait mis au point l'ancêtre du moteur à vapeur, destiné à pomper l'eau s'infiltrant dans les puits des mines, pénalisant l'extraction des minerais de charbon et d'étain. Le moteur se composait d'un piston unique et mettait en œuvre de la vapeur à basse pression. Il développait une puissance équivalente à 500 chevaux. Boulton et Watt industrialiseront la fabrication de machines à vapeur à partir de 1776. En agriculture, le premier tracteur à vapeur sera l'œuvre de de l'américain J.I. Case, à partir de 1869. Le pétrole prendra peu à peu le relais avec le brevet du cycle à quatre temps par le français Alphonse Beau de Rochas (1862), la mise au point du moteur à deux temps intronisant le cycle de Joule par l'américain George Brayton en 1872, le moteur à quatre temps par l'allemand Nikolaus Otto en 1876, le carburateur à cuve à niveau constant par Gottlieb Daimler en 1890. En 1892, John Froelich présente le premier tracteur doté d'un moteur à explosion. Le Waterloo Boy développe une puissance de 16 ch. En 1897, Rudolf Diesel fait fonctionner le premier moteur à allumage par compression.

Un centenaire pas déconnecté

A la fin de la guerre 1914-1918, le tracteur agricole adopte une configuration que le tracteur du XXIème siècle ne peut pas complètement renier (en attendant les alternatives au pétrole et les robots) : moteur à combustion interne, allumage haute tension, lubrification sous pression, refroidissement par eau, système de filtration de l'air, transmissions sous carter à bain d'huile, régulation des vitesses, coussinets antifriction, prise de force arrière, châssis monobloc, recours aux aciers spéciaux et traités, pièces d'usure interchangeables, présence de quatre roues motrices. Le concept de prise de force indépendante apparaît dès 1907, brevetée par le français Albert Gougis. En 1918, International Harvester adopte le régime de rotation de 540 tr/mn, qui sera normalisé en 1927. Parmi les marques alors en présence figurent Benz, Chatillon-Panhard, Deere and Co, Ferguson, Fiat, Ford, Holt, International Harvester, Lanz, Massey-Harris, Renault...