Porteurs maraîchers : la mécanisation ventre à terre

Polyvalentes et modulaires, les plateformes enjambeuses réservant un ou deux postes de travail, libérées de la conduite et d’une grande part de la pénibilité, constituent une alternative aux porte-outils et robots mono-tâche.

Ils s'appellent Chariot de récolte courgettes (CRC) chez Elatec, Poncho du nom du constructeur éponyme ou encore Toutilo chez Touti Terre. Portés par quatre roues, ce sont des châssis aptes à enjamber les planches maraichères tout au long des cycles de production, pour successivement travailler mécaniquement le sol, planter, désherber et récolter, en autant de fois que l'exigent la pousse des adventices et l'arrivée à maturité des légumes. Leur concept tout en modularité s'applique aussi bien aux opérateurs, pouvant adopter une station assise (adaptable en hauteur) ou allongée sur le ventre, qu'aux outils susceptibles d'appareiller le châssis (à voie variable pour certains) sur des barres transversales frontales ou arrière, un attelage trois points pouvant compléter la panoplie.

Il reste de la place et de la capacité de charge pour embarquer les caissettes de mottes et les cagettes (pleines) de légumes et diminuer d'autant la pénibilité liée à la marche et au port de charges. Le tout sur des bases mécano-soudées rudimentaires, batterie et moteurs électriques logés dans les deux ou quatre roues motrices (ni bruit ni gaz), télécommande et joystick pour agir de temps à autre sur la cadence et la direction. Prise en main par tout un chacun en dix minutes. Aussi à l'aise sous abri qu'en plein champ.

Toutilo de Touti Terre

Ces nouveaux assistants agissent là où, dans les systèmes maraichers diversifiés sur des surfaces comprises entre 1 et 10 hectares, le travail peut s'apparenter à une double peine, avec des charges horaires pesant sur la pérennité des exploitations et des astreintes physiques compromettant à moyen et long terme la durabilité et la vivabilité des exploitations, de leurs responsables comme de leurs salariés. « Après s'être focalisés sur les intrants, les maraichers sont aujourd'hui en quête de solutions permettant d'augmenter la productivité du travail tout en diminuant sa pénibilité », souligne Flore Lacrouts-Cazenave, présidente de Touti Terre (Haute-Savoie). « On est parti du principe que la main de l'homme demeure un outil très perfectionné et très pragmatique pour les multiples tâches qui caractérisent le maraichage. On a imaginé avec Toutilo une plateforme qui positionne les opérateurs dans les meilleures conditions, en terme de posture, de réduction d'allées et venues et de port de charge. Notre solution réduit la pénibilité du travail et prévient l'apparition de pathologies. Elle facilite ainsi le recrutement de salariés tout en offrant aux maraichers des gains de productivité de l'ordre de 20 % ».

CRC d'Elatec

Un chiffre que ne renie pas Emmanuel Labriffe, gérant d'Elatec (Gers), constructeur du CRC dédié à la récolte des courgette, entre autres matériels. « Dès le premier jour, le débit de chantier fait un bond de 20% tandis que la pénibilité est bien réduite », énonce-t-il. « Notre appareil peut recevoir des lits de désherbage mais cette option est à ce jour peu prisée par nos clients ». Le CRC, qui évolue entre 0 et 2 km/h, avec une autonomie de base de 4 heures et commande au pied, reçoit deux opérateurs sur des sièges à basculement latéral ainsi que des supports de caisses. Son prix démarre à 7500 €. Chez Touti Terre, Toutilo est proposé en trois versions pour un opérateur (intérieur roue de 106 cm) ou deux (146 cm et 166 cm). Son prix varie entre 15 000 € et 23 000 € selon le modèle et les options.

Ponchon... de Ponchon

Dernier venu sur ce créneau des assistants au travail (du sol et des opérateurs), Ponchon entend apporter lui aussi sa contribution à la mécanisation rampante (de 4 m/h à 9 km/h) des exploitations maraichères. « On propose aujourd'hui un outil multifonctionnel, permettant de travailler sans bruit et sans odeur en plein champ comme sous serre, jusqu'à 95 cm au-dessus des cultures, avec la puissance requise pour animer des outils et porter des charges jusqu'à 400 kg », expliquent ses créateurs Julien Poncet et Fabien Milachon. « Qui plus est, avec des moteurs électriques sans contact et des batteries au lithium autonomes 10 heures et supportant 5000 charges, le Ponchon est paré pour travailler de longues années avec une maintenance réduite au strict minimum". Le Ponchon est proposé à partir de 23.000 €. Au salon Tech & Bio, le constructeur en présente une évolution avec le Delta, un bras robotisé dédié au désherbage.