Pomme : un marché mondial très concurrentiel

La production de pommes augmente dans la plupart des pays producteurs. Mais dans le même temps, la demande tend à baisser ces dernières années, ce qui accroît la concurrence entre pays sur certains marchés.

La production mondiale de pommes a nettement augmenté au cours de la dernière décennie, portée en premier lieu par la Chine. La production chinoise est en effet passée de 38 Mt en 2010 à 45 Mt en 2020, soit une augmentation de 18 %. Mais la tendance est globale. Les tonnages des pays membres de WAPA, qui regroupe les principaux pays producteurs de pommes, sont passés de 67 Mt en 2010 à 85 Mt en 2020. Seul l’hémisphère Sud présente une stabilisation de sa production ces dix dernières années. Dans ces pays, la croissance de la production a eu lieu au cours des années 1990 et l’heure est désormais à la diversification des exportations. Certains pays de l’hémisphère Nord affichent des évolutions impressionnantes : + 63 % pour l’Ukraine (passée de 800 000 t en 2010 à 1,4 Mt en 2020), + 60 % pour l’Iran (de 2,5 à 4 Mt), + 75 % pour la Russie (de 800 000 t à 1,4 Mt), ou encore + 73 % pour l’Inde (de 1,5 à 2,6 Mt).

Or, la demande mondiale, obtenue en additionnant les importations de tous les pays, ne suit pas l’augmentation de l’offre. Car si elle est passée de 5,2 Mt en 2001 à 6,9 Mt en 2020, elle baisse depuis 2015. « Le marché mondial a tendance à se rétrécir ces dernières années, tandis que l’offre mondiale continue d’augmenter », résume Vincent Guérin, de l'Association nationale pomme poire, lors d’une journée du CTIFL consacrée aux évolutions des variétés de pommes.

Un potentiel européen supérieur à 13,5 Mt

La production de l’Union européenne est en légère croissance. Elle est passée de 9,7 Mt en 2010 à 11,7 Mt en 2020, soit une augmentation de 20 %. « On considère que l’équilibre du marché est autour d’une production de 11,5 Mt, souligne Vincent Guérin. Au-delà de ce seuil, c’est compliqué de tout commercialiser. » Or, ce seuil a été régulièrement dépassé ces dernières années. Le potentiel de production européen est ainsi supérieur à 13,5 Mt, porté principalement par la croissance de la production en Pologne.

Les pays voisins de l’UE sont en forte croissance. La production turque atteint ainsi 4 Mt. Il y a désormais peu de nouvelles plantations mais l’augmentation de la productivité pourrait contribuer à poursuivre la hausse de production. Au Sud-est de l’UE, on se dirige peut-être vers une stabilisation après la croissance de la dernière décennie. « La Serbie est passée de 180 000 t à 570 000 t et se diversifie à l’exportation, ce qui pourrait concurrencer l’UE au Moyen-Orient, en Inde, en Russie et en Asie du Sud-est », avertit Vincent Guérin. Autre croissance notable, la Macédoine du Nord est passée de 90 000 t à 200 000 t, en développant l’exportation vers les Balkans, l’Europe de l’Ouest et la Grèce.

La Russie et l’Asie centrale, un secteur-clé pour l’UE

L’offre et la demande de la Russie sont toujours en repositionnement après l’embargo. La production est en forte croissance. Il y a encore un manque de stockage pour les pommes d’hiver. Les importations ont fortement diminué depuis l’embargo (moins de 1 Mt aujourd’hui contre 1,5 Mt avant l’embargo). Les sources d’importation ont évolué vers des fournisseurs moins chers en Asie centrale (Iran, Azerbaïdjan).

La Russie et l’Asie centrale ont doublé leurs volumes produits en dix ans. « Il y a eu une forte incitation financière de la FAO, de la Banque mondiale et des Banques européennes de développement qui ont contribué à cette croissance », pointe Vincent Guérin.

Le potentiel de la croissance de la production dans cette région a un fort impact pour l’UE. En effet, l’UE exporte directement vers les pays d’Asie centrale. Mais ceux-ci constituent une concurrence accrue sur des marchés d’export tels que le Moyen-Orient, l’Inde, l’Asie du Sud-est… Enfin, si l’embargo russe est levé, la concurrence sera élevée entre l’UE et ces pays sur le marché russe.