Pucerons et cicadelles, les parfaits vecteurs de viroses

Le 3ème Vendredi de l'Agro de la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme s'est concentré sur les pucerons et cicadelles, principaux transmetteurs de viroses sur les cultures céréalières.

Pucerons et cicadelles prolifèrent dans les cultures et transmettent des viroses particulièrement impactantes. La jaunisse nanisante de l'orge (JNO) ou encore la maladie des pieds chétifs sont régulièrement observées dans les parcelles de blés et d'orges de Limagne. A elles seules, ces maladies peuvent entraîner jusqu'à "60% de pertes de rendements".
La flore sauvage hôte des viroses
Depuis trois ans, on constate une recrudescence des attaques de pucerons et cicadelles dans les parcelles de Limagne. "L'arrêt des traitements de semences et le changement climatique favorisent le développement de ces ravageurs" explique Marine Masson. A l'occasion du troisième rendez-vous "Les Vendredis de l'Agro", la conseillère agronomique à la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme est revenue sur la pullulation des pucerons et cicadelles, leurs impacts sur les cultures et les pistes de traitement.
Ces ravageurs des cultures sont surtout redoutés pour leur capacité à transmettre des viroses particulièrement agressives sur le blé et l'orge. Ces virus ne sont pas "produits" par les insectes puisqu'ils n'en sont en réalité que les porteurs. "Les pucerons et les cicadelles transportent des maladies présentes non pas sur la culture mais sur des végétaux sauvages. Plus de 150 espèces végétales sont les hôtes naturels des virus."
De parfaits vecteurs
Les cicadelles sont le parfait exemple de cet échange. Les insectes investissent dans un premier temps les bords des parcelles avant d'aller piquer les plantes cultivées pour en soustraire la sève. La cicadelle transmet, par ce biais, la maladie des pieds chétifs. Le virus freine le développement des blés et réduit de façon accrue le tallage. " Seules les grosses cicadelles avec des rayures sur la tête transportent le virus. Les vertes sont inoffensives."
Le principe est similaire chez les pucerons : c'est en piquant différentes plantes (hôtes et non hôtes) qu'ils transmettent les virus et notamment la JNO qui touche également le blé. " Sur orge, on peut observer les symptômes dès le tallage avec des feuilles jaunes et des pieds chétifs. En revanche, il faut attendre la sortie de l'épi sur le blé pour constater la contamination. La maladie a un impact direct sur le nombre de grain et le PMG (poids de mille grains)." Aucun traitement n'est possible sur les viroses, c'est donc sur les populations de pucerons et cicadelles qu'il faut agir. Cette lutte est d'autant plus importante que la JNO induit "des modifications comportementales sur les pucerons contaminés, les encourageant à piquer les plantes saines".
Une régulation complexe
"Le puceron est actif entre 3°C et 25°C. Il meurt lorsque les températures sont en dessous de -5°C et -12°C " précise Marine Masson. Le ravageur est d'autant plus résistant qu'il s'abrite dans la plante. Lorsqu'il est difficile à observer, la conseillère agronomique recommande aux agriculteurs : "coupez quelques pieds de blé et placez-les dans un sac congélation fermé ; les pucerons sortiront". Dès lors qu'un individu est observé sur une plante pendant plusieurs jours, le traitement insecticides est préconisé. "Il ne faut pas attendre. Le puceron se multiplie très vite." Le seuil est plus élevé pour la cicadelle puisqu'il faut compter "30 captures hebdomadaires" avant d'intervenir.
Malheureusement la bibliothèque phytosanitaire est considérablement réduite et des risques de résistances peuvent, à la longue, apparaître. Des études sont en cours sur la régulation naturelle des populations de pucerons et cicadelles. L'usage d'auxiliaires est testé avec notamment le recours à une micro-guêpe ayant le même mode d’action que le trichogramme sur la pyrale du maïs.
L'usage de plantes compagnes est également analysé mais avec la contrainte qu'elles doivent être " semées avant le blé " et sont "des réservoirs à cicadelles". Dans la parcelle observée à Lempdes, la Chambre d'agriculture du Puy-de-Dôme teste un produit répulsif à base d'huiles essentielles. Plusieurs années d’expérimentations sont nécessaires avant d’en connaître les réels effets.