Qu’attendre en 2022 pour le marché mondial des orges brassicoles ?

Comment va se comporter la production d’orge en 2022, notamment pour ce qui concerne les orges brassicoles ? Petit tour d’horizon.

« Pour la nouvelle campagne d'orge, on s’attend à un retour à un niveau standard de la production d’orge australienne, à 10-11 Mt. Pareil pour le Canada avec 10,5 Mt tout en surveillant les récentes neiges qui viennent de tomber. On peut s’attendre à 58,5 Mt pour l’UE, Royaume-Uni compris, et 17,9 Mt pour la Russie. La production a toujours le vent en poupe en Argentine, avec 5,2 Mt attendues soit une augmentation des surfaces de 10 %, et la grande question est bien évidemment sur la capacité des agriculteurs ukrainiens à produire leur volume habituel. Là c’est l’incertitude totale ! », a expliqué Julien Darley directeur général de Granit Négoce (groupe Axéréal), lors du colloque 2022 sur les orges brassicoles organisé par Arvalis Institut du végétal à Nancy le 5 avril 2022.

Côté exportation, toutes orges toujours, on peut s’attendre « à un retour à la normale chez les principaux producteurs, excepté l’Ukraine » : 3 Mt pour le Canada, 3,6 Mt pour l’Argentine, 7,6 Mt pour l’UE + Royaume-Uni, 4,9 Mt pour la Russie et 6,9 Mt pour l’Australie. Pour le spécialiste de Granit Négoce, « le bilan orge 2022 sera largement déficitaire avec une demande de la part du Maroc et de la Turquie qui pourrait être importante, et à suivre donc ». Et si l’Ukraine n’arrive pas à produire, il pourrait manquer 2,5 Mt sur le marché des échanges mondiaux.

Retour à la normale ? Peut-être pas pour les orges brassicoles

Si l’on se concentre sur les orges brassicoles, là aussi se pose la question d’un retour à une production « normale » : 2,6 Mt pour le Canada ? 3 Mt pour l’Argentine ? 12,5 Mt pour l’UE ? 3,3 Mt pour l’Australie ? « L’Australie pourrait disposer d’une réserve d’orges brassicoles pour l’exportation. Et l’Argentine sera plus que jamais indispensable à l’équilibre du bilan. En tout cas les orges brassicoles origine hémisphère sud seront essentielles pour fluidifier les échanges mondiaux sur la campagne 2022/2023. De toute façon, le disponible exportable sera faible car la demande intérieure à l’UE en qualité brassicole devrait nettement progresser. A suivre ? Bien sûr les impacts du conflit Russie/Ukraine, peut-être enfin la fin de l’effet Covid-19 sur la consommation (fin des fermetures ou limitation des jauges dans les lieux collectifs) …

« La géopolitique mondiale jouera un rôle prépondérant. La demande en orge fourragère va être le premier concurrent de l’orge brassicole et les primes brassicoles devront rester élevées pour éviter une dévalorisation de cette qualité. Il n’y aura pas de place pour un accident climatique négatif dans un pays producteur important. La volatilité risque de s’accentuer dans les mois à venir et l’équilibre entre offre et demande sera sans doute fragile » conclut Julien Darley.

Retour sur la campagne 2021/2022

La récolte 2021 en orge en général a été difficile : « Le déficit canadien (NDLR : 6,95 Mt produites contre 10,7 Mt un an plus tôt) a été compensé par des récoltes record en hémisphère sud, avec notamment une grosse présence de l’Argentine », a rappelé Julien Darley, directeur général de Granit Négoce (groupe Axéréal), en ouverture de son exposé sur « l’échiquier mondial de production et d’échanges d’orges brassicoles ». Outre l’Argentine, l’Australie a joué aussi un rôle prépondérant au niveau des volumes exportés, tout comme l’Ukraine. Au final, 34,9 Mt ont été échangées en 2021 contre 35,6 Mt en 2020.

Pour ce qui est des orges brassicoles plus spécifiquement, la première partie de campagne a été tendue avant que les pays producteurs de l’hémisphère sud prennent le relais. Le Canada a produit 2,15 Mt d’orges brassicoles, l’Argentine 3 Mt, l’Australie 3,3 Mt et l’UE 12,1 Mt. Et si le Canada a exporté au final 1,15 Mt, l’Argentine a mis 2,45 Mt sur le marché pendant que l’Australie proposait seulement 0,65 Mt et l’UE 0,7 Mt. Le Maroc a aussi été dans l’obligation d’importer des volumes importants en raison d’une sécheresse très dure, un phénomène qui perdure actuellement.

En 2021, il convient aussi de rappeler que la Covid-19 a encore pesé sur la demande en orge brassicole et que la Chine s’est tournée vers de nouveaux importateurs après avoir banni l’Australie, un partenaire traditionnel, de sa liste de fournisseurs pour des raisons politiques. « A la fin, c’est l’Argentine qui sort grand gagnant de la campagne internationale », termine Julien Darley.