Quand la volonté de transmettre est aussi forte que celle du jeune de s’installer

Jusqu’au 4 décembre, la Quinzaine de la transmission sensibilise des cédants agricoles potentiels et invite à anticiper en s’appuyant sur des exemples réussis.

Forcément, cette année, tout ne se passe pas exactement comme prévu. Le programme de la cinquième édition de la Quinzaine de la transmission en agriculture - du 20 novembre au 4 décembre - s’en trouve quelque peu bouleversé. Néanmoins, la chambre d’agriculture du Cantal a tenu à mettre l’accent sur des opérations réussies entre cédants et repreneurs qui se sont rencontrés suite à leur inscription au Répertoire départ-installation (RDI). Parmi ceux-ci, une exploitation laitière à Embrassac de Jaleyrac, près de Mauriac.
Guy Charlannes, qui prépare sa transmission depuis longtemps, et Guillaume Valmier, qui rêvait de s’installer, ont accepté de témoigner dans une vidéo, réalisée début octobre par le service communication de la Chambre d’agriculture et mise en ligne vendredi dernier sur le site de l’organisme consulaire et les réseaux sociaux dans une version courte. Une version plus complète servira dans un cadre plus pédagogique lors de journées de sensibilisation ou de formation. “Il faut dire que cet exemple est éloquent”, affirme Gérard Vigier du RDI.
Décision mûrie et projet clair
“M.Charlannes a anticipé très tôt son départ. Il s’est formé durant trois jours pour proposer une offre clairement définie. Ce sont les réflexions et les conseils qui sécurisent les décisions”, explique Gérard Vigier. “De l’autre
côté : Guillaume, un jeune, passionné par l’élevage laitier qui, nourri de diverses expériences, sait exactement ce qu’il veut.” Pour être sûr de ne pas se tromper, il réalise un stage parrainage durant trois mois chez le futur cédant. “On se ressemble beaucoup”, relève Guy Charlannes, qui apprécie que celui à qui il cède son exploitation  ait été, lui aussi, salarié avant de se mettre à son compte. “C’est important de voir autre chose avant de s’engager. Partout où je suis passé, j’ai pris le meilleur”, assure Guillaume Valmier. Le jeune retraité lui confie que, de ses propres années de salariat, il a gardé l’image qu’un travail bien fait doit être rémunérateur. C’est ainsi qu’il a pensé son métier depuis son installation en 1986 et, c’est dans le même esprit qu’il cède son exploitation des décennies plus tard, “comme une entreprise” ; sous-entendu, “rentable” ; “viable et vivable”, dirait le syndicat des Jeunes agriculteurs.
Bâtiment, maison et confiance
Pas question donc de la démanteler au profit des voisins : c’est l’outil complet qui est transmis. Avec cet objectif qu’ils servent à la génération montante, même si aucun des trois enfants de Guy n’était intéressé pour prendre la suite, les bâtiments sont parfaitement entretenus, aux normes et pratiques. Dans la même philosophie, le cédant a acquis une deuxième maison (non loin de là), afin de laisser à son repreneur celle au plus proche de l’étable et de la salle de traite(1).
En outre, un audit avait  mis préalablement en avant les points forts de la structure, tandis que Guy Charlannes s’est engagé à déployer les quelques améliorations qui pouvaient être apportées. Seul un grave accident, en 2018, viendra perturber le fonctionnement de l’exploitation et les projets de transmission, l’obligeant à vendre les vaches mères. Guillaume Valmier récupère les génisses restées sur la ferme, mais a dû se constituer un cheptel adulte par ailleurs.
Cédant et repreneur ne cachent pas que c’est grâce aux conseils prodigués par la chambre d’agriculture du
Cantal(2) ainsi que l’ensemble des organismes vers lesquels ils ont été logiquement aiguillés que cette transmission s’avère une réussite. Il en résulte un projet de vie accompli, auquel participe Manon Courtine. La compagne de Guillaume, professeure des écoles, a obtenu une affectation proche de sa nouvelle adresse. Et comme elle aussi a vécu une enfance proche du milieu agricole, elle ne rechigne pas à donner des coups de main sur l’exploitation chaque fois que nécessaire.     

(1) Elle a été acquise en sus de l’exploitation, par le couple que forment Guillaume Valmier et sa compagne Manon.
(2) Gérard Vigier (06 30 65 32 00) et Sylvie Graves (06 71 74 72 82) se tiennent à la disposition des cédants potentiels pour un premier contact.