Réduction de la production

[Bovins : conjoncture sem 24-2021] Sur fond de hausse des coûts de production et de revenu peu encourageants pour les jeunes, la production française se replie d’année en année.

Avec le redémarrage mondial d’une activité fortement chahuté par la pandémie de covid, on assiste à une flambée des prix de nombreuses matières premières (bois, métaux… ). Ces envolées sont dues au déséquilibre créé par une production qui avait été mise au ralenti et une reprise rapide de l’activité. De nombreux secteurs sont impactés par la raréfaction des produits de base engendrée par un appétit qui parait sans limites des grandes puissances que sont la Chine ou les États-Unis. Cette inflation de la demande se ressent également sur les produits alimentaires avec du blé ou du maïs qui atteignent des prix records. Au niveau de la viande, certains pays comme l’Argentine ont fermé leurs exportations sur un mois pour pouvoir nourrir la population face à des tarifs qui s’envolaient. Au niveau européen, l’accroissement des coûts alimentaires est extrêmement pénalisant pour les filières grande consommatrice comme la volaille, le porc, la production laitière et l’engraissement des bovins, même si ces deux derniers peuvent bénéficier d’une alimentation à l’herbe qui limite les frais.

Depuis quelques années, on assiste à un recul du cheptel bovin que ce soit en France comme dans toute l’Europe. L’inadéquation entre les aides de l’UE, les prix payés aux producteurs et le niveau de rémunération des produits finis, ne permet pas d’attirer assez de jeunes pour le renouvellement des générations. Ce schéma est particulièrement marqué dans le secteur allaitant français.

L’érosion de l’élevage (allaitant ou laitier) s’accélère, car dans de nombreux cas quand une exploitation est cédée, les animaux partent pour les remplacer par des cultures (si c’est possible). Ces cessations apportent de la matière au secteur industriel, mais le réservoir se vide avec un risque de panne à plus ou moins long terme.  

Tout l’équilibre tient avec le niveau de rémunération de la production laitière, qui assure la moitié de l’approvisionnement en viande. Une meilleure valorisation du lait, comme annoncé par certains distributeurs, pourrait relancer la production et accentuer le déficit actuel de l’offre. Les industriels ont du mal à couvrir leurs besoins, ce qui a engendré une nette progression des prix sur les dernières semaines. Ces hausses doivent être répercutées au secteur aval, notamment sur les viandes hachées. Les pièces nobles ont également été beaucoup demandées depuis la réouverture de la restauration, avec des stocks qui ont été vidés en quelques semaines.    

L’absence d’export de femelles amouillantes sur le début de l’année a permis d’amoindrir ponctuellement le déficit de production, avec un renouvellement plus fort dans les exploitations. Dans l’état actuel des relations avec nos partenaires pays tiers (Algérie, Maroc…), il n’y aura pas de reprise avant la rentrée de septembre. 

Dans le secteur allaitant, les prix restent bas même si on observe une bonne dynamique dans le secteur de la cheville. Les tarifs du cœur de gamme restent sous le contrôle des grands opérateurs qui sont eux même sous la pression des distributeurs. Les écarts de valorisations sont très larges et le renforcement de la contractualisation ou des contrats de livraison direct magasin masquent le niveau réel des prix. La raréfaction de l’offre n’a pas produit le même effet qu’en 2012, car les relations commerciales entre les différents maillons de la filière ont fortement évolué.  

L’activité commerciale reste assez régulière malgré la fin de l’année scolaire. Les ventes de brochettes et la réouverture de la RHF ont pris le relai.