[Témoignage] Chef des ventes au marché des cadrans : « On nous appelle les aboyeurs »

Guillaume Lajudie est un des chefs des ventes du marché au cadran des Hérolles. Connu pour leur débit de paroles, ces professionnels des enchères ont bien plus de talents ! Rencontre dans l’envers du décor des ventes bovines et ovines.

Depuis 2016, Select Viande est prestataire pour la SAS marché au cadran des Hérolles. Il s’agit d’une entreprise dispensant des conseils génétiques aux élevages et réalisant des prospections commerciales.  « Chacun de nos conseils est adapté en fonction des tendances et des types d’élevage », explique Guillaume Lajudie, consultant génétique chez Sélec Viande et chef des ventes au marché au cadran des Hérolles. Ses tâches sont diverses, allant de la visite et du conseil d’exploitation, à l’organisation de ventes aux enchères.

UNE ENCHÈRE RYTHMÉE ET BIEN FICELÉE

« Notre mission commence dès les inscriptions puisque de nombreux éleveurs nous annoncent le nombre d’animaux en vente. Chaque vendredi, nous avons le nombre total d’animaux ainsi que leur catégorie, que nous transmettons aux acheteurs », détaille-t-il. Guillaume Lajudie et Quentin Meteyer, tous les deux titulaires d’un BTS productions animales, sont les maillons de la chaine reliant négociants et éleveurs. Au regard de l’organisation, ils alternent les rôles une semaine sur deux à l’animation des enchères.

"« Il faut savoir que c’est tout une mise en scène de spectacle qui se joue derrière, en bouverie. Il est important d’avoir un flux tendu dans la présentation des animaux. Il ne doit pas y avoir de temps mort », note le chef des ventes."

Pendant que l’un est en salle des ventes, l’autre est en bouverie et coordonne l’entrée et la sortie des animaux. Une dizaine de bouviers travaillent d’arrache-pied dans les coulisses du cadran des Hérolles. Ils ont tous un poste défini concourant à un excellent déroulement des ventes.  

UN MÉTIER PASSION

« Notre métier est très intéressant, on suit les cours du marché. On est aux premières loges, c’est devant nos yeux que se créent les références de prix », remarque Guillaume Lajudie. Nichés dans une cabine vitrée, les chefs des ventes des Hérolles sont dotés d’un casque, d’un micro et d’un écran grâce auquel ils ont un œil sur tout ce qui se passe en salle.

"« Avec l’expérience, on finit par connaitre tout le monde, négociants et éleveurs. On connait les mimiques de chacun. Avec l’écran, on sait qui clique pour acheter et en regardant dans la salle, on sait lorsque la vente est acceptée ou non »"

Guillaume Lajudie et Quentin Meteyer savent également combien peut se vendre une bête. « A force d’observer, on a l’œil sur les animaux, on sait ce qui est recherché sur le marché. On a pour habitude de commencer toujours un peu en-dessous du prix auquel l’animal pourrait se vendre afin de laisser les enchères monter et se stabiliser », souligne-il avant d’ajouter : « Il y a très peu de chefs de vente en France. C’est un métier passion et il faut aimer le contact avec les éleveurs et avec les acheteurs négociants ». Il faut aussi savoir parler vite. En effet, chaque semaine, de nombreux animaux passent sous les clics des acheteurs et l’enchainement de chaque enchère doit être rapide. De plus, la rapidité de la vente est facteur de stimulation des acheteurs. « On nous appelle les aboyeurs. Nous devons adapter notre débit de parole au débit d’animaux à passer chaque demi-journée. En moyenne, nous présentons et vendons 100 à 120 bovins par heure le lundi et 400 ovins par heure le jeudi », conclut-il.