Tous les voyants au vert pour la culture de maïs grain

Après une année exceptionnelle en terme de volume et de prix, le maïs grain confirme son importance pour les agriculteurs français. Dans les systèmes en monoculture, la rotation maïs-couvert s’impose comme un modèle économiquement et écologiquement viable.

Quelle place pour le maïs grain dans les assolements ? Si la réponse pouvait être mitigée lors des dernières années, entre mauvaises récoltes et prix en berne, ce n’est plus le cas en 2021. Selon la dernière estimation d’Arvalis en date du 10 novembre, les rendements de maïs ont enregistré un record à 110 qtx/ha lors de la dernière récolte. Dans le détail, ils s’établissent à 12,3 t/ha en irrigué et 10,1 t/ha sans irrigation. « Je suis très heureux que nous ayons battu un record de rendement en 2021 avec un contexte prix assez favorable », a commenté Daniel Peyraube, président de l’AGPM, lors d’un webinaire organisé par Corteva en partenariat avec le groupe Réussir le 7 décembre. C’est en effet tout le caractère exceptionnel de cette moisson abondante : les prix sont également au rendez-vous.

Le niveau de prix actuel du maïs n’avait pas été vu depuis les années 2012, voir 2010. Après une baisse des cours, liée à ceux du pétrole, pendant le premier confinement, les prix ont entamé une ascension folle avec un pic cet été. Depuis, ils se sont légèrement affaissé mais sans vraiment redescendre. Une tendance que Benoît Fayot du cabinet Tallage explique par « une demande mondiale qui ne cesse de croître alors que la production stagne ». Dans un contexte de demande chinoise qui devrait rester important, il prévoit un affaissement de seulement 10 à 20% du prix du maïs pour la prochaine campagne.

Pour autant, Daniel Peyraube se dit déjà vigilant pour 2022. Il pense au coût des intrants, notamment le gaz et l’engrais. Pour Flore Delsarte, responsable projet chez Corteva, même avec une hausse des charges de 25%, grâce au niveau de prix actuel, le maïs reste rentable du fait de sa capacité à utiliser l’azote pour faire du rendement.

L’avenir du maïs se joue à Bruxelles

Si les conditions de culture et les prix sont deux facteurs importants pour le développement du maïs grain, les décisions autour de la nouvelle PAC sont tout aussi décisives. Une première version des éco-régimes en 2018 prévoyait que la culture principale soit différente chaque année, excluant de facto les maïsiculteurs en monoculture. Or, ces aides représenteront 25 à 30% des DPB dans la nouvelle PAC. « Nous avons fait entendre la voix du maïs pour que tous les producteurs puissent activer tous leurs droits », souligne Daniel Peyraube. Un travail de fond qui a payé puisque le Plan national stratégique (PSN) prévoit que la rotation puisse inclure les couverts végétaux, ce qui permet aux exploitations en monoculture d’accéder aux éco-régimes. Ce PSN est en attente de validation à l’échelon européen.

Le président de l’AGPM se félicite à ce sujet du grand pas franchi sur la mise en place de couverts végétaux depuis six à sept ans. « Lorsque qu’un maïsiculteur a battu son maïs, le travail n’est pas terminé. Il l’est quand le couvert est implanté correctement. Cette stratégie de récolte précoce pour l’implantation des couverts et la lutte contre les aflatoxines, c’est quelque chose que les producteurs de maïs doivent absolument s’approprier. Je vois encore parfois trop de craintes là-dessus », insiste-t-il.

Un maïs stockeur de carbone

Si le maïs offre des avantages économiques dans la rotation, il a également des atouts environnementaux. « On peut associer économie et environnement à partir du moment où on met de l’agronomie », affirme Frédéric Thomas, agriculteur et expert en agriculture de conservation des sols. Pour lui, le maïs est une plante qui répond parfaitement aux enjeux de stockage du carbone dans les sols. En effet, son cycle estival correspond à la meilleure irradiation lorsqu’il y a le plus d’énergie à capter mais surtout au pic de minéralisation des sols. « En France, le système naturel dominant, c’est la forêt. C’est une végétation qui pousse l’été. Le maïs n’est pas en incohérence avec les systèmes naturels », assure-t-il.

L’insertion de couvert entre deux maïs permet d’augmenter encore cet aspect de captation du carbone. Frédéric Thomas imagine un système avec deux couverts successifs. Le premier, de type été, est implanté juste après la moisson. Il est ensuite réimplanté à l’automne avec une dominante légumineuse pour fixer des quantités d’azote plus importantes au printemps avant le semis du maïs. Une expérimentation sur le sujet a permis un record de captation de 350 unités d’azote par hectare. « On peut même envisager une certaine forme d’autonomie avec une rotation maïs/couvert », imagine le spécialiste de l’ACS.