Un vrai plan de bataille pour réguler le sanglier

Avec plus de 200 000 euros d’indemnisation de dégâts aux cultures par le grand gibier l’année dernière, et prioritairement par le sanglier, la Fédération départementale de la chasse de la Manche engage un vrai plan de bataille. La main est tendue aux agriculteurs pour qu’ils installent des clôtures et/ou utilisent un répulsif. La facture étant supportée par les chasseurs et les agriculteurs.

La population de sangliers augmente considérablement dans la Manche tout comme dans l’ensemble de l’hexagone. Pour cette saison de chasse qui se termine le 28 février, plus de 2 000 sangliers devraient être prélevés. « Un chiffre record », reconnait le président, Gérard Bamas. Effectivement, par rapport à l’année précédente, ce sont 4 à 500 animaux de plus. Et pendant de nombreuses années, le prélèvement tournait autour de 1 200. Les sangliers, friands de glands et de frênes, trouvent leur nourriture dans les zones boisées, mais également dans les champs. 

L’accroissement du nombre de sangliers entraine davantage de dégâts dans les cultures. Sur les 150 parcelles répertoriées, les dégâts s’étendent sur 60 ha. Le budget des indemnisations a pratiquement doublé, atteignant les 200 000 euros l’année dernière, supportée entièrement par la Fédération de la chasse. Alors, cette dernière a établi un véritable plan de bataille pour lutter contre la prolifération de sangliers et ainsi réduire les dégâts.

Des zones noires

Même si la Manche reste le département le plus bocager, mais le moins boisé, elle reste attractive pour le grand gibier. Des zones noires ont été répertoriées telles que dans le Val de Saire, le centre Manche et le sud Manche en bordure des départements limitrophes (Calvados et Ille-et-Vilaine). « Ce sont des zones où il y peu ou pas de chasse », explique l’élu. « Le fait de moins chasser et de moins prélever de sangliers rend la maitrise de la présence du sanglier plus difficile », poursuit-il.
Dans ces zones où la présence de sangliers est forte, la Fédération des chasseurs tend la main aux agriculteurs pour que les dégâts soient moins importants. « Le monde agricole est victime. A nous de les accompagner pour réduire les dégâts, et par conséquent la facture des indemnisations. C’est un partenariat gagnant-gagnant. On est associé dans ce projet », indique Gérard Bamas. Concrètement, la Fédération met à la disposition gracieusement des clôtures électriques (fil, piquets, batterie). A charge de l’agriculteur l’installation et l’entretien.

Une expérimentation de deux ans

Par ailleurs, la Fédération de la chasse a expérimenté depuis deux ans auprès de 39 exploitants l’usage d’un répulsif pour protéger les semis de maïs. « Ce produit, mélangé aux semences dans une bétonnière, donne de bons résultats », indique David Guérin, directeur de la FDC. Le coût du répulsif est partagé par la FDC et l’agriculteur. Il est de 11 €/ha pour chaque partie. Après enquête, 72 % des agriculteurs estiment le procédé « facile à utiliser », 88 % d’entre eux souhaitent renouveler l’opération et 60 % des parcelles n’ont pas enregistrés de dégâts. Une satisfaction pour la FDC.
Désormais, les agriculteurs ont reçu un courrier pour passer commande de clôture et de répulsif. « Ayant des moyens d’action, il faut les utiliser pour aller plus loin dans la démarche. Notre objectif est de revenir à un montant d’indemnisation acceptable, et à une maitrise de la population du gibier », conclut le président.