Vente de phytos : des chiffres 2021 encore très loin des objectifs d’Ecophyto

Selon les dernières données du ministère de l’agriculture, l’usage des produits phytosanitaires en France a amorcé une diminution « en tendanciel ». Mais il reste au même niveau qu’il y a dix ans.

Le ministère de l’Agriculture a publié le 15 novembre les chiffres provisoires des ventes de produits phytosanitaires en 2021. La quantité de substances actives (hors produits utilisables en agriculture biologique et produits de biocontrôle) s’établit à 43.103 tonnes en 2021, en hausse de 0,7% par rapport à 2020 et en baisse de 16,5% par rapport à 2009, année de référence du plan Ecophyto. La quantité de substances actives utilisables en agriculture biologique et les produits de biocontrôle a connu un véritable bond puisqu’elle a triplé depuis 2009, pour s’établir en 2021 à 24.896 tonnes.

Au total, la quantité de substances actives vendue en France en 2021, tous usages confondus, s’élève à 67.999 tonnes, en hausse de 5% par rapport à 2020 et de 12% par rapport à 2009.

Les ventes de glyphosate amorcent une baisse avec une diminution de 14% entre 2020 et 2021, passant de 8.645 tonnes à 7.765 tonnes, sous la moyenne des dix dernières années, mais toujours au-dessus de la période de référence du plan Ecophyto.

La quantité de substances classées CMR (cancérogènes, mutagènes ou toxiques pour la reproduction avérées ou supposées) baisse de 3% entre 2020 et 2021, et a été divisée par deux depuis 2009.

Loin des objectifs d'Ecophyto

Ces chiffres demeurent très éloignés des objectifs du plan Ecophyto2+, qui visait à réduire de moitié le recours aux produits phytosanitaires en 10 ans, avec une première étape de 25% de réduction en 2020 puis de 50% en 2025. Or en 2021, le Nodu (nombre de doses unités), l’indicateur de suivi du plan Ecophyto, demeure au même niveau qu’en 2011.

Cet indicateur, calculé à partir des données de vente des distributeurs de produits phytopharmaceutiques, correspond à la surface qui serait traitée annuellement aux doses maximales homologuées. Rapporté à la surface agricole utile française, il correspond au nombre de traitements appliqués à pleine dose sur une surface d’un hectare. Il s’affranchit ainsi des substitutions de substances actives par de nouvelles substances efficaces à plus faible dose puisque, pour chaque substance, la quantité appliquée est rapportée à une dose unité (DU) qui lui est propre.

Après quasiment une décennie de hausse, la moyenne triennale du Nodu est en baisse depuis trois années consécutives, ce qui fait dire au ministère de l’Agriculture que la diminution « se confirme en tendanciel ».

« La réduction ou l’arrêt de l’utilisation de produits phytosanitaires nécessite de disposer d’alternatives sérieuses et opérationnelles pour permettre aux agriculteurs de favoriser de nouvelles pratiques agricoles économiquement viables », constate le ministère, qui rappelle que « la France a aussi engagé des plans massifs d’investissements, notamment via France Relance et France 2030 pour un investissement total de près de 4 milliards d’euros. Ces dispositifs doivent permettre de financer des solutions durables et innovantes, notamment sur le volet renouvellement des agroéquipements ».

« Le plan Ecophyto arrivant à échéance en avril 2024, un travail de réflexion va être lancé au 1er semestre 2023 pour l’élaboration du prochain plan national quinquennal », fait également savoir le ministère de l’Agriculture.