Peu de bois de l’année à tailler pour les viticulteurs

La taille de la vigne s’avère délicate cette année suite à l’extrême sécheresse de l’été dont les répercussions se feront encore sentir en 2020.

L'heure est à la taille dans les vignes. Cep après cep, les viticulteurs préparent la prochaine campagne mais l'opération se montre tortueuse. En raison des conditions d'extrême sécheresse de l'été dernier, les vignes n'ont pas ou peu eu de croissance végétative. Sur les pieds, le bois de l'année 2019, assurant la récolte 2020, est quasi inexistant. Les viticulteurs doivent s'adapter tant bien que mal pour espérer une vendange quantitative dans un peu plus de neuf mois.

Un nouveau départ

Tout juste arrivé de Champagne, Samuel Gatinois est l'heureux repreneur du Domaine Charmensat à Boudes (63). À 45 ans, cet ancien directeur d'une cave coopérative et son épouse, Agnès, ont désiré changer de vie. Une arrivée accueillie chaudement voire trop chaudement. Le petit vignoble sudiste des Côtes d'Auvergne a été lourdement touché par la sécheresse. Orienté plein sud, implanté sur des coteaux séchants dont certains en paillasse, Boudes est autant réputé pour son vin et sa vallée des Saints que pour son climat méridional. Habituellement sec, le secteur l'a été encore davantage en 2019 avec guère plus de 300 mm cumulés. Un climat exceptionnel aux effets dévastateurs. « Nous avons réalisé environ 12 hl/ha soit un tiers de la récolte habituelle » explique Samuel Gatinois. Malheureusement, les conséquences ne s'arrêtent pas là. Les températures extrêmes et le manque d'eau durant près d'un an ont conduit la vigne à bloquer sa végétation. Les ceps ont donc peu, voire pas, de bois de l'année impactant d'ores et déjà la prochaine vendange.

Nouveau bois faible

Samuel Gatinois observe encore les conséquences de cette désastreuse année climatique. Afféré à la taille de ses vignes nouvellement acquises, il passe chaque cep sous le sécateur. « On taille le bois de l'année 2019 pour répartir la végétation, assurer la vitalité de la vigne et déterminer la récolte 2020. » Le bois 2019 est malheureusement rare et faible sur les pieds. Le vigneron est obligé d'adapter ses pratiques. « La taille est une opération très technique habituellement, mais là nous sommes contraints de suivre notre intuition. J'ai opté pour une taille plus courte pour épargner la vigne, ne pas trop l'épuiser et repartir sur de bonnes bases. »

Les vieilles vignes âgées d'environ 100 ans semblent avoir mieux résister à la sécheresse. En revanche, les plus jeunes (entre 15 et 25 ans) ont été lourdement pénalisées. « Celles-ci n'ont pas fait de bois ou il est très faible. »

Devant ce constat, Samuel Gatinois prédit déjà une récolte 2020 pénalisée mais garde espoir. « La vigne a une capacité de régénération très importante. J'ai vu des ceps repartir après une terrible année de gel. Si les conditions climatiques sont de notre côté cette année alors, peut-être, les pertes ne seront-elles que minimes ! »