Mercosur : les professionnels français de la viande en appellent au président

Les professionnels de la viande ont lancé mercredi un appel au président Emmanuel Macron pour qu'il "ne laisse pas la Commission européenne détruire la filière viande bovine française" en acceptant l'ouverture du marché aux viandes bovines du Mercosur.

Lors d'une réunion à Bruxelles fin septembre, la Commission européenne a proposé aux 28 Etats membres de l'UE, d'accepter l'entrée d'un contingent de 70.000 tonnes de viande bovine par an en provenance du Mercosur, dans le but d'aboutir à un accord commercial avec ce bloc d'Amérique du Sud. "Monsieur le Président de la République, allez-vous laisser la Commission européenne détruire la filière viande bovine française?" a ainsi demandé l'interprofession du bétail et de la viande dans une lettre à M. Macron dont l'AFP a obtenue copie.

"L'offre que la commission met sur la table est une véritable provocation envers la filière bovine européenne. En termes de tonnages, elle causerait un déséquilibre majeur sur les marchés et d'énormes dégâts au secteur, en particulier en Irlande et en France", ont pour leur part protesté la FNSEA, les Jeunes agriculteurs et la Fédération nationale bovine dans un communiqué commun.  

De plus, ces 70.000 tonnes de viandes sud-américaines s'ajouteront aux 65.000 tonnes de viandes canadiennes qui arriveront bientôt en Europe dans le cadre de l'accord Ceta avec le Canada, et pourraient ainsi "venir, également, demain, concurrencer nos viandes françaises sur notre marché, aujourd'hui largement auto-suffisant", estime Interbev.  "Les pays du Mercosur ont déjà trop d'accès au marché européen, et représentent trois quarts de toutes les importations de bovins de l'UE avec 246.000 tonnes (équivalent poids-carcasse) chaque année, alors que la production européenne diminue", ajoutent les organisations syndicales.