Tests ADN, première contre-attaque des éleveurs face au loup (et à l’Etat)

Dénonçant l’opacité des analyses officielles, les éleveurs ont décidé de procéder, à leurs frais, à des prélèvements d’ADN sur les scènes de prédation. Résultats ? Les loups sont plus nombreux qu’annoncés officiellement et la proportion de croisés chiens/loups n’a plus grand chose à voir avec les objectifs de préservation de l’espèce.

Les premiers résultats ont été présentés le 5 août 2017 à Séverac d'Aveyron (Aveyron) par les collectifs d'éleveurs Cercle 12 et Cercle 48, à l'occasion du rassemblement de « 3000 bêtes face aux loups », soit le tiers de la prédation enregistrée en 2016 en France. Ces tests financés par les éleveurs eux-mêmes, à raison d'environ 100 € l'unité, ont été réalisés par ForGen, un laboratoire allemand indépendant, spécialisé dans la génétique médico-légale, certifié ISO 17025. Les résultats sont peut-être de nature à changer la donne. Au niveau quantitatif d'abord puisqu'ils révèlent un nombre de loups supérieur aux estimations officielles. Sur le plateau du Larzac, les chiffres officiels font état de la présence d'un seul loup. Les tests génétiques réalisés par les éleveurs ont permis d'en identifier au moins cinq.Transposés au niveau national, ces chiffres font voler en éclat les chiffres ministériels et avec eux l'autorisation de prélèvement de 40 loups pour la période 2017-2018.

Pas de(s) loups ?

Au plan qualitatif ensuite puisque les échantillons indiquent la prépondérance de loups hybrides, au détriment des loups purs. Le caractère hybride des loups, autrement dit le croisement chien / loup, exclue tout simplement ces spécimens des conventions protectrices de Berne et autre directive Habitats faune flore, obligeant de fait l'Etat à organiser leur prélèvement. Et pour cause, l'hybridation fait perdre les caractéristiques de l'espèce, ce qui va à l'encontre de l'objectif de préservation ! Outre l'hybridation, les tests génétiques sont également porteurs d'informations sur l'origine des loups. Bruno Lecomte, éleveur de chèvres dans les Vosges, qui réalise depuis 20 ans un gros travail d'investigation sur la question (ici), attend la confirmation de résultats d'analyses pour faire d'autres révélations sur l'origine des loups, dont le retour, prétendu naturel, interroge.