PulvEco, une appli pour optimiser les doses en vigne

Développée par l'IFV et IRSTEA, l'appli permettra d'adapter la dose aux performances pulvérisateur et au stade végétatif de la vigne. Un outil pour gagner en précision, donc en réduction de dose.

L'Institut national de recherche en sciences et technologies pour l'agriculture et l'environnement (IRSTEA) et l'Institut français de la vigne et du vin (IFV) ont décidé d'en finir avec l'empirisme qui caractérise encore un peu trop souvent les applications phytosanitaires au vignoble. La faute à qui ? A la vigne, aux constructeurs et aux viticulteurs. A la vigne qui change d'apparat d'un mois sur l'autre voire d'une parcelle à l'autre et qui ne facilite pas le ciblage de la végétation.  Aux constructeurs, dont les bureaux d'études s'avèrent impuissants face à l'équation efficacité / haut débit de chantier / mini prix. La faute enfin aux viticulteurs qui ne se résolvent pas à faire au moins une concession sur le débit sinon sur le prix à payer pour accéder à plus de précision. Résultat ? La qualité d'application laisse globalement à désirer. Grâce à des expérimentations sur la vigne artificielle EvaSprayViti, l'IFV et IRSTEA ont pu constater des écarts de dépôts de produit de 1 à 9 sur feuilles. Dit autrement, selon le type de pulvérisateur utilisé, 20 à 70 % des volumes appliqués peuvent manquer leur cible, en échouant dans l'atmosphère sinon dans le sol. Paradoxalement, l'efficacité de protection du vignoble est malgré tout globalement satisfaisante. Moralité : il suffirait de gagner en précision pour répondre aux injonctions gouvernementales et sociétales visant à réduire drastiquement l'usage de produits phytopharmaceutiques, la vigne étant l'une des espèces les plus consommatrices. Le tout en confortant l'efficacité et en réalisant en prime des économies substantielles sur l'achat de produits.

Un outil d'aide à la précision

La précision, c'est l'angle d'attaque d'IRSTEA et de l'IFV pour réduire les doses. Et c'est possible avec les matériels en parc. Encore faut-il que les viticulteurs puissent disposer d'un outil d'aide à la décision qui soit à la fois simple, convivial, fiable et représentatif de leurs conditions d'application (matériel, mode de conduite, stade végétatif). C'est tout l'objet de PulvEco, une application mobile et un site internet ouvrant la voie à l'ajustement des doses en fonction de la performance du pulvérisateur, des modalités d'utilisation (type de buse, nombre de rangs traités) et du stade de la vigne. Pour la mettre au point, l'IFV et IRSTEA se sont appuyés sur une base de données issus de plus de 520 tests réalisés sur le banc d'essai EvaSprayViti, un véritable scanner passant au crible les performances des pulvérisateurs viticoles. L'application, en cours de développement devrait être opérationnelle pour la saison 2019. C'est le même banc d'essai qui est mobilisé pour établir une labellisation des pulvérisateurs viticoles, laquelle devrait elle aussi être effective en 2019. Si PulvEco se veut un outil d'aide à la précision en cours de chantier, la labellisation constituera pour les viticulteurs un critère de choix de nouveau pulvérisateur aussi objectif qu'inédit. Autre objectif : guider les politiques publiques en matière d'aides aux investissements (Pcae, Cepp...).

Picore, tableau de bord embarqué

PulvEco n'est pas le premier outil d'aide à l'optimisation des applications mis au point par ces deux instituts. L'an passé, l'IRSTEA a démarré la commercialisation de Picore par l'entremise de la société Sika. Le boitier Picore est constitué d'autant de débitmètres que de sorties de pulvérisation, d'un capteur de pression et d'une antenne GPS à signal gratuit (Egnos). Les informations sont transmises par Wifi sur le smartphone du chauffeur en cabine. Outre les informations de débit, de vitesse, de pression, le chauffeur visualise sur son écran chaque rang traité, imagé par un code couleur : vert pour la bonne dose, rouge pour un sur-dosage, bleu pour un sous-dosage et gris pour indiquer une coupure de pulvérisation, en bout de rang par exemple. Picore permet par exemple de révéler l'imprécision d'un manomètre ou encore le bouchage d'une buse, ce que ne fait pas un DPAE. Le boitier sert aussi la traçabilité. Il en coûte environ 2500 euros et peut se greffer sur tout pulvérisateur en parc, moyennant une à deux heures de main d'œuvre.