Les professionnels de l'élevage demandent "un plan de sauvegarde" du secteur

Les professionnels de la viande, du lait, des oeufs et du foie gras demandent aux pouvoirs publics de "mettre en place un plan de sauvegarde des productions animales françaises" de plus en plus concurrencées par les importations.

"Il est vital et urgent d'agir", défend un manifeste présenté par l'interprofession française du porc Inaporc lors de son assemblée générale le 7 juin. A la tribune, ses invités des interprofessions de l'oeuf (CNPO), de l'aquaculture (Cipa), de la viande bovine et ovine (Interbev), du lait (Cniel), de la volaille (Anvol) et du foie gras (Cifog) ont partagé le même mot d'ordre, sans avoir encore signé le document.

Les organisations estiment que l'élevage français est "en péril", citant la "flambée des importations", la "concurrence déloyale" de pays soumis à des normes moins-disantes (antibiotiques activateurs de croissance, ou farines animales pour nourrir les volailles ou les porcs, par exemple), la "complexité croissante voire impossibilité d'installer une ferme d'élevage", la "multiplication des idéologies et réglementations incohérentes" et le "manque de rémunération".

Cette initiative intervient deux semaines après la publication d'un rapport de la Cour des comptes qui avait déclenché l'émotion et la colère d'éleveurs. Il recommandait au gouvernement de "définir et rendre publique une stratégie de réduction" du nombre de vaches élevées en France pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

Le manifeste demande à l'Etat de "soutenir financièrement les professionnels (...) dans l'application des réglementations" ou encore de "faciliter" l'agrandissement des élevages. Dans leur viseur, notamment, la révision attendue de la réglementation européenne en matière de bien-être animal. L'autorité sanitaire européenne (Efsa) a recommandé de limiter la taille des portées de porcelets et de bannir les cages pour les truies qui mettent bas et allaitent, ce qui implique des travaux dans les élevages pour leur fournir davantage de place.

"Toutes les nouvelles réglementations doivent être préalablement évaluées économiquement", a affirmé le président de l'Inaporc, Thierry Meyer, évoquant une estimation pour la filière française d'un coût "démesuré" de neuf milliards d'euros en dix ans. Selon lui, "les Américains et les Brésiliens sont aux aguets" et "n'attendent qu'une chose : que la production européenne baisse pour exporter du porc vers l'Europe".

Les scientifiques de l'Efsa ont aussi préconisé de ne pas mettre plus de 11 kg de poulets au m2 contre "en moyenne 40 aujourd'hui" dans les élevages standards, a relevé le président de l'Anvol, Jean-Michel Schaeffer. Il s'inquiète d'une capacité de production potentiellement divisée par quatre alors que l'offre française est déjà déficitaire. La moitié du poulet consommé en France est importée. "La machine normative continue et là il faut que ça s'arrête", a insisté M. Schaeffer.

Le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau a salué une "initiative heureuse", en clôture de l'assemblée générale de l'Inaporc. "Il faut qu'on dise qu'on a besoin d'élevage en France parce qu'on n'est pas fichus aujourd'hui, pour la plupart des filières, de couvrir le besoin de consommation de nos concitoyens", a-t-il déclaré, estimant qu'il s'agissait d'une "bataille idéologique que nous devons mener".