2020-2021, palme de l’hiver le plus humide ?

A l’approche de la fin du mois de février, Jérôme Cerisier, météorologiste chez DTN, dresse le bilan de l’hiver météorologique qui se terminera officiellement le 1er mars. Il se place dores et déjà sur le podium des hivers les plus humides jamais observés.

Les conditions cet hiver sont souvent restées douces et perturbées, notamment en deuxième quinzaine de janvier et jusqu’à début février, avec pour conséquence de fréquentes crues à la fois sur la moitié nord et dans le sud-ouest, puis ensuite une importante vague de froid (la plus sévère depuis février 2018) sur la moitié nord.

Si l’on s’en tient aux chiffres (non définitifs, ils seront à affiner début mars lorsque toutes les données seront consolidées), cet hiver a présenté un excédent thermique de +0,7°C, bien plus modéré que les précédents, notamment en raison d’un froid modéré en première quinzaine de janvier, et de la semaine glaciale de mi-février, dans une trame globalement douce, mais sans records particuliers.

Du côté de l’ensoleillement, il se sera montré déficitaire en décembre et janvier d’environ 25%, avant de se rapprocher de la normale en février, notamment grâce à des derniers jours printaniers et nettement plus lumineux. Il est néanmoins probable qu’un déficit de 15% de soleil soit observé sur la durée de l’hiver.

Précipitations : un excédent de 40%

L’élément le plus remarquable de notre hiver restera toutefois la pluviométrie abondante et parfois record, le flux perturbé n’ayant connu que peu de répit, hormis justement pendant les périodes plus froides. Ainsi, on observe un excédent de plus de 40% à l’échelle du territoire, avec même de nombreux records dans le sud-ouest du pays. A Dax par exemple, il est tombé depuis le 1er décembre pas moins de 718 mm, pulvérisant les 628 mm de l’hiver 1960/61. C’est globalement tout le sud-ouest qui aura connu l’hiver le plus arrosé de son histoire, tandis que nous n’en sommes pas loin au nord, notamment à Paris avec 258 mm (contre 283 mm en 1935/36), soit la troisième valeur de l’histoire. L’hiver 2020-21 sera à coup sûr sur le podium des hivers les plus humides, et pourrait même détenir la palme lorsque les données seront consolidées.

"La période du 7 au 15 février a été la plus froide depuis février 2018."

Pour en revenir à ce mois de février, il présente de façon assez étonnante un excédent de près de 1°C, alors que l’élément le plus remarquable aura été une vague de froid ! Cela s’explique car cette dernière a uniquement concerné la moitié nord, pendant que le sud-ouest notamment conservait de la douceur, mais aussi car le début comme la fin du mois ont été très doux quasiment partout… La période du 7 au 15 février a toutefois été la plus froide depuis février 2018 (et parfois février 2012) sur un large tiers nord-est du territoire, avec des valeurs s’abaissant de -10 à -15°C (jusqu’à -17°C à Mulhouse) et pas de dégel pendant plusieurs jours consécutifs en journée. En revanche, du côté du pays basque, ce mois de février est le deuxième plus doux de l’histoire après 1990 avec un excédent de près de 4°C ! 

Les deux épisodes de grande douceur (en première comme en dernière décade) ont été caractérisés par un flux de sud dynamique en provenance directe du Maghreb, et donc des remontées de poussière saharienne donnant un aspect parfois lunaire à nos montagnes notamment.

Une lente décrue

Les précipitations exceptionnelles entre la deuxième quinzaine de janvier et la première décade de février ont logiquement provoqué des crues importantes sur de très nombreux cours d’eau. Elles ont même été exceptionnelles concernant la Charente, où la vigilance rouge a été émise et où des niveaux plus atteints depuis près de 40 ans ont été mesurés. La ville de Saintes a d’ailleurs beaucoup de mal à connaître une décrue significative près de dix jours après l’arrêt des précipitations.

Même certains des grands fleuves comme la Loire et la Seine ont été impactés, les précipitations étant généralisées à de vastes bassins versants. Depuis une semaine, les conditions ont changé avec l’établissement d’un flux de sud dans un premier temps dynamique. Un épisode de vent d’autan tempétueux a été observé en début de semaine (jusqu’à 110 km/h à Toulouse et 120 km/h dans le Tarn), suivi d’un épisode cévenol concentré sur l’Hérault (jusqu’à 200 mm).

Quelle tendance pour début mars ?

La tendance pour les prochains jours et le début du mois de mars est toutefois plus positive, puisque les conditions anticycloniques domineront largement sur la France. C’est donc un temps calme et doux à très doux (suivant l’origine du flux, dans un premier temps orienté au sud, puis sans doute plus continental à partir de ce week-end) qui s’annonce, avec de larges éclaircies, et pas de précipitations attendues à l’exception d’une faible perturbation qui traversera le pays de jeudi à vendredi. La décrue devrait donc se poursuivre et la situation se normaliser sur l’ensemble nos cours d’eau, tandis que le ressenti sera souvent lumineux et printanier.