2023 : l’effet ciseau tant redouté ?

[Edito] Alors que les prix des grains retrouvent globalement leurs niveaux d’avant-guerre, les prix des intrants demeurent très élevés. Les producteurs alertent sur l’arrivée du fameux « effet ciseau », à savoir la hausse des charges mais la baisse des produits.

Après avoir atteint des sommets en mai 2022, les cours des céréales ont fini par s’éroder, retrouvant quasiment leurs niveaux de prix d’avant la guerre en Ukraine, il y a près d’un an. La guerre entre la Russie et l’Ukraine ne dicte plus autant les cours que l’an dernier. Les incertitudes sont aujourd’hui davantage liées à la macroéconomie (parité de l’euro-dollar, demande mondiale) et aux risques climatiques, notamment la sécheresse en Amérique du Sud liée à la persistance du phénomène climatique La Niña, qui dure depuis trois hivers.

Russie et Chine : les deux jokers

Plus que jamais, la Russie demeure l’acteur majeur sur le marché des produits agricoles. La production russe de blé a en effet atteint un niveau record en 2022, entre 90 et 100 millions de tonnes selon les sources. Les stocks de fin de campagne du pays s’annoncent également colossaux. A elle seule, la Russie détient près d’un tiers des stocks des huit grands pays exportateurs. De quoi continuer de souffler le chaud et le froid sur les cours mondiaux du blé.

La récente levée de restrictions liées au covid en Chine a également un effet majeur sur les cours des matières premières. Selon l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la Chine est à l’origine de la moitié de la croissance de la demande mondiale en pétrole ! Le déconfinement a engendré une hausse de la demande en énergie, d’autant qu’il est survenu au moment du nouvel an chinois.

Selon l’AIE, la demande mondiale en pétrole devrait atteindre en 2023 un niveau record de 101,7 millions de barils par jour. L’heure de la sobriété n’est pas arrivée… L’Agence qualifie cependant la Chine et la Russie de « jokers », dans la mesure où des inconnues demeurent quant à la vitesse de réouverture de l’économie de l’une et aux impacts des sanctions internationales sur les exportations de l’autre.

Repli des grains et hausse des charges : le fameux « effet ciseau » tant redouté par les producteurs est arrivé. Sur chaque exploitation, les décisions de gestion seront capitales pour couvrir les coûts de production.