Agriculteurs en colère contre l'UE: Toulouse paralysée par une centaine de tracteurs

Pneus et bottes de paille en feu: une centaine de tracteurs d'agriculteurs en colère ont provoqué la paralysie de l'agglomération de Toulouse mercredi, en créant d'énormes bouchons sur le périphérique de la quatrième ville de France, pour protester contre la nouvelle carte européenne des zones agricoles défavorisées.

"Nous dénonçons le refus de dialogue et l'absence de transparence de l'Etat", ont protesté la FDSEA et les Jeunes Agriculteurs (JA) de Haute-Garonne dans un communiqué commun, "le ministre se moque des agriculteurs. C'est intolérable! nous ne serons pas floués encore une fois, nous ne lâcherons rien !". Le trafic est très perturbé sur l'ensemble du périphérique toulousain depuis 06H30 en raison de kilomètres de bouchons. Une délégation des manifestants sera reçue à 16H00 par le préfet de région Pascal Mailhos. L'aire urbaine de Toulouse, siège mondial d'Airbus, compte plus d'1,2 million d'habitants.   

En début d'après-midi, une soixantaine de tracteurs, sur les 110 comptabilisés par la préfecture, ont coupé le périphérique, au niveau du quartier du Mirail, avec des pneus, des palettes et du fourrage, en allumant des feux, a constaté un journaliste de l'AFP. Encadrés par des policiers, les agriculteurs ont organisé un pique-nique sur les voies en faisant griller des saucisses sur les voies autoroutières. Venus de tout le département de Haute-Garonne, les manifestants devaient être rejoints par des agriculteurs du Gers et du Tarn-et-Garonne.

Si la nouvelle carte des aides entre en vigueur, "je perdrais 7.000 euros (par an). Ce n'est pas un petit montant par rapport au budget de mon exploitation, je suis en train de réfléchir sur l'éventualité d'arrêter", a expliqué Joël Escrieut, éleveur à Avignonet-Lauraguais, également responsable secteur élevage de FDSEA. "Je suis sur des coteaux pentus, on ne peut pas faire autre chose que de l'élevage. Il faut maintenir ces aides pour maintenir le territoire en bon état, entretenir les terres sinon elles deviendront des friches", a-t-il insisté.

'Perte de revenus'

Comme ils l'ont fait cette semaine à Montauban et ailleurs dans le sud-ouest, les agriculteurs protestent contre la carte des futures zones agricoles défavorisées qui risque de réduire le nombre de communes éligibles à certaines aides européennes et provoquer, selon eux, des faillites de nombreuses exploitations. La réforme européenne des zones agricoles défavorisées dites simples doit être validée au 15 février et entrer en vigueur au printemps.

Pour Thibault Audibert, 19 ans, élève en BTS agricole dans un lycée à Auch (Gers) et qui envisage de reprendre l'exploitation de race bovine, "très clairement, il y aura une perte de revenus". "Ca peut remettre en cause mon installation. Je ne sais pas si l'exploitation sera viable sans ces aides mais je suis motivé, je souhaite pouvoir m'installer", a-t-il souligné. Le président du conseil départemental Georges Méric (PS) a, ces derniers jours, fait part de "son inquiétude" au ministre de l'Agriculture Stéphane Travert. Selon lui, "le nouveau zonage présenté par le gouvernement en décembre 2017 impliquerait l'exclusion de près de 100 communes haut-garonnaises de ces zones défavorisées, alors que le département en avait déjà perdu 130 en avril 2017."   

Début 2017, la Haute-Garonne comptait 400 communes classées. Si cette nouvelle carte est appliquée, elle n'en compterait plus que 170, a-t-il déploré dans un communiqué. La région Occitanie a également fait part de son soutien aux agriculteurs, "afin de permettre à nos éleveurs de continuer à exercer leurs métiers". Vincent Labarthe, vice-président de la région, a estimé dans un communiqué qu'il ne restait "plus qu'une quinzaine de jours pour trouver les solutions qui permettront d'éviter la fracture agricole et territoriale et garder des régions françaises riches de leur diversité".