Alliances et GMS

Alliances à l’achat entre distributeurs GMS : grandes manœuvres avant la campagne d’automne…

Les alliances à l'achat conclues dans l'urgence à l'automne 2014 prennent fin sur les négociations commerciales 2018 : Casino/Intermarché (ensemble : 11,5 + 14,5 = 26 % de part de marché du commerce alimentaire 2015) ; Carrefour/Cora (25 %) ; Auchan/Système U (21,5 %) ; Leclerc (20,5 %). C'est le Groupe Casino qui a ouvert le feu le 3 avril 2018 en annonçant avec Auchan Retail « un partenariat mondial », pour les négociations avec les grands groupes internationaux fournisseurs. Système U, de fait ex-partenaire d'Auchan, se remarie le 25 avril avec le Groupe Carrefour (une originalité : les 2 enseignes évoquent la recherche de « partenariats de référence » avec les filières agricoles). Intermarché se trouve, à date, sans alliance française. Comme E. Leclerc, habitué à la posture.

COMMENTAIRE

Les sept grandes enseignes GMS vivent une élévation du seuil de taille critique, cohérente avec le caractère récessif du marché. En 2014, pour des raisons stratégiques, elles étaient confrontées à un plafond de verre : quand a éclaté la « guerre des prix » en 2013, les acheteurs considéraient qu'il fallait peser au moins 20 % du marché français pour représenter une dynamique séduisante aux yeux des grandes marques. Les alliances de l'automne 2014 les ramenaient à quatre pôles de force comparable.

Les nouvelles alliances en 2018 ne sont pas encore signées. Elles décrivent des entités soit plus grandes (Carrefour et alliés dont Système U à presque 35 % de part de marché, avril 2018), soit plus homogènes (Casino et Auchan, structures intégrées, internationalisées, à 22 %). Et le jeu est encore ouvert (en perspectives, les négociations commerciales 2019 qui s'ouvriront à l'automne), avec notamment la position d'Intermarché en électron libre (part de marché ITME : 14,6 %, en croissance).

Le plafond de verre, le seuil d'un rapport de force exploitable dans les négociations commerciales, coiffe toujours, à date, quatre pôles dans la grande distribution GMS, mais il pourrait s'élever vers 30%, non seulement sous la pression prix, mais aussi sous celle des nouvelles concurrences dans la distribution alimentaire, les grands Pure Players de l'e-commerce (Amazon) n'étant pas les moindres.

Ainsi, Intermarché pourrait difficilement rester seul, Leclerc également (part de marché : 21 % en léger recul). Frères ennemis, leur rapprochement est envisageable si on garde en mémoire le caractère éminemment opportuniste et provisoire de ces pactes. Les vraies alliances durables de réseaux et de stratégies sont... des fusions. La dernière en date, CarrefourPromodès, remonte à 1999.

Cet article est extrait de la revue PRISME, l'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire

Lire tout le dossier : PRISME n° 21 – JUIN 2018 -  L'analyse de la conjoncture et de l'actualité agricole et agroalimentaire