« Certains lycéens, même issus du milieu rural, ignorent ce que le mot déjection veut dire »

Le concours de Montmarault a encore une fois tenu à ouvrir ses portes au grand public. De quoi valoriser le travail de plus en plus performant des éleveurs, qui, avec les fêtes de fin d’année, ont la possibilité de mettre en avant leurs animaux d’exception.

« Pour moi, le meilleur morceau, c'est l'onglet », lance un amateur de viande devant quatre jeunes apprentis bouchers en démonstration. Sous l'épatante charpente du foirail de Montmarault, les bonnes odeurs de viande à la plancha embaument les visiteurs qui terminent la matinée autour d'un apéro pendant que les acheteurs analysent minutieusement les culottes des animaux présentées au concours. Cette année encore, le concours de Montmarault a décidé d'ouvrir les portes au public et de faire de ce rendez-vous professionnel une porte d'entrée pour communiquer sur les thèmes chauds du moment, du bien-être animal en passant par la formation aux métiers de la boucherie. Des collégiens de tout le territoire de la communauté de communes de Montmarault – Commentry – Néris, sont venus assister à des ateliers pour découvrir un univers pas forcément si accessible que cela, « même en milieu rural », a insisté Martine Durin, membre de la section bovine de la FNSEA 03. Depuis plusieurs années, elle se mobilise avec force pour parler du métier au-delà des préjugés. « C'est une réalité qu'il faut regarder en face », souligne-t-elle. « Ce jeudi, nous avons rencontré des jeunes de lycées généralistes qui ignoraient ce que le mot « déjection » voulait dire... et nous sommes dans l'Allier. Il y a urgence à communiquer. Nous avons clairement loupé le train et il va falloir faire preuve d'imagination pour raccrocher les wagons ».  

« Retrouver le contact avec le produit »

De ces rencontres provoquées entre des élèves et le monde de l'élevage, de belles histoires se sont tissées. Le face-à-face avec les élèves en boucherie a permis de découvrir l'envers d'un métier qui attire des profils différents, comme Candy. « J'ai choisi la boucherie pour retrouver le plaisir de travail du produit brut ». De nature discrète et efficace, elle se reconvertit pour sortir de la routine du travail à l'abattoir. « J'ai fait beaucoup de métiers, ajoute-t-elle, même dans la restauration, mais il n'y a aucun autre endroit où j'ai trouvé le respect du travail de la matière ». « Contrairement aux idées reçues, l'excellence de la profession attire des candidats », confirme Joël Darges, responsable de la formation à IFI 03. Ancien boucher à Dompierre-sur-Besbre reconverti dans l'enseignement, il attache beaucoup d'importance à la qualité du produit. « C'est ce que j'ai toujours fait en tant que boucher, je travaillais en direct avec des éleveurs. Et pour notre clientèle, nous valorisions la qualité avant tout. Ça nous a toujours bien réussi... ». C'est donc cela qu'il tente de transmettre à ses élèves, 29 cette année contre 15 l'année dernière. « Notre section est régulièrement contactée pour réaliser des  démonstrations de découpe et nous en sommes extrêmement fiers ». Une fierté que tous ses élèves ont affiché ce jeudi là, Anthony, Cyril, Candy et Kelly et qui, sans aucun doute, est la meilleure des victoire en terme de communication.