Cinq ONG demandent l’interdiction du transport maritime des animaux

Cinq ONG de protection animale demandent au gouvernement de « suspendre les exportations d’animaux vers les pays tiers », en dénonçant notamment les conditions de transport maritime du bétail.

« La France n'ayant aucun contrôle sur les conditions de transport des animaux hors d'Europe, elle enfreint le Règlement (CE) No 1/2005 en y exportant des animaux », affirment Welfarm, L214, la Fondation Brigitte Bardot, le CIWF et la LFDA. Ce règlement européen stipule que « nul ne transporte ou ne fait transporter des animaux dans des conditions telles qu'ils risquent d'être blessés ou de subir des souffrances inutiles. »

Les ONG dénoncent la « véritable boîte noire » que constitue le transport maritime du bétail. « Que se passe-t-il à bord des navires bétaillers qui sillonnent la méditerranée ? Dans quel état les animaux arrivent-ils à destination ? Combien meurent à bord ? Même la Commission européenne l'ignore », indique-t-on chez Welfarm. Dans un récent rapport, la Direction générale de la santé et de la sécurité alimentaire de la Commission européenne reconnaît effectivement les « faiblesses des systèmes mis en place par les États membres pour protéger le bien-être des animaux d'élevage de l'Union européenne au cours de leur transport vers des pays tiers ».

« Sur le lieu de départ, bon nombre d'autorités compétentes autorisent le transport, d'une part, sur la foi de documents incomplets ou incorrects et, d'autre part, sans tenir compte des conditions météorologiques prévues au cours du trajet ou au port de sortie de l'UE, accroissant ainsi le risque que des problèmes liés au bien-être animal surviennent lorsque ces animaux arrivent au port, indique la Commission européenne dans ce rapport qui fait suite à une enquête de deux ans et des audits réalisés en Espagne, Roumanie, Slovénie et Croatie. Ni les autorités compétentes du lieu de départ, ni celles du port de sortie de l'UE, ne constatent et signalent ces irrégularités administratives, qui ne sont donc pas corrigées de manière systématique. »

« À l'heure actuelle, les pays tiers, les transporteurs et les capitaines des navires ne fournissent aucun retour d'information systématique sur l'état des animaux pendant le trajet en mer et leur état à l'arrivée à destination », indique encore la Commission.

L'état des bateaux transportant les animaux est également pointé du doigt. Au port de Sète, les cargos ont une moyenne d'âge de 42 ans, « soit 10 de plus que pour les cargos de marchandise », et « 85 % des navires ayant chargé des animaux à Sète depuis trois ans sont classés sur liste noire par le Mémorandum de Paris, c'est-à-dire qu'ils présentent un risque élevé en matière de sécurité maritime », selon les informations de Welfarm.

« Outre les recommandations adressées aux États membres visités, la Commission a pris contact avec l'Agence européenne pour la sécurité maritime afin qu'elle encourage les États membres à inspecter les navires de transport du bétail en vue d'harmoniser les procédures d'inspection, d'accroître la transparence des résultats des inspections et d'améliorer les normes applicables aux navires », fait savoir la Commission européenne dans son rapport.

Afin d'interpeller le gouvernement sur cette question, les ONG ont lancé une pétition demandant la suspension de l'exportation d'animaux vers les pays tiers ainsi que l'interdiction de tous les transports d'animaux quand la température n'est pas comprise entre 5°C et 30°C. Elle a récolté plus de 65000 signatures à ce jour.