Des Ariégeois se mobilisent contre le glyphosate, et multiplient les plaintes

Le collectif ariégeois "Campagne glyphosate" s'apprête à lancer une nouvelle série de plaintes pour "mise en danger de la vie d'autrui", après avoir déposé en juin sept dossiers étayés par des analyses d'urines contaminées par l'herbicide le plus commun.

"Les résultats sont toujours aussi inquiétants, la moyenne des taux de glyphosate dans les urines des plaignants est environ 15 fois supérieure au taux maximum autorisé dans l'eau potable", a souligné Dominique Masset, l'un des responsables de la "Campagne Glyphosate", commentant les nouvelles analyses d'urines.

Pour les sept premières plaintes, déposées en juin, qui visent la "mise en danger de la vie d'autrui, tromperie aggravée et atteinte à l'environnement", le parquet de Foix avait décidé de se dessaisir au profit du Pôle de santé publique du TGI de Paris. Les militants du collectif ont cependant annoncé qu'ils allaient déposer 53 nouveaux dossiers devant le TGI de Foix le 15 octobre, sur la base d'analyses réalisées début octobre. Ils envisagent de déposer ainsi une centaine de dossiers par mois "d'ici la fin de l'année", a indiqué Dominique Masset à un journaliste de l'AFP.

Pour l'une de ces nouvelles plaignantes, Martine, 66 ans, consultante en santé publique, "le mouvement initié en Ariège est en passe de devenir national" : "J'espère que toutes et tous prendront conscience de la toxicité avérée aujourd'hui de tous les produits que nous ingérons à notre insu". Cette initiative du collectif ariégeois reprend une opération de l'ONG "Générations futures" qui, au printemps 2017, avait proposé à 30 personnalités de participer à une campagne d'analyses pour déterminer "l'exposition des Français au glyphosate". "Nous sommes tous contaminés", déclarait alors François Veillerette, porte-parole de l'ONG démontrant que "100% des échantillons analysés contenaient du glyphosate".

Par ailleurs, la Cour européenne de justice (CJUE) doit se pencher le 20 novembre sur quatre questions préjudicielles posées par l'avocat d'un groupe de Faucheurs volontaires de l'Ariège, qui avaient été renvoyés devant le tribunal correctionnel de Foix pour des actions anti-glyphosate.   En septembre 2016 et mars 2017, ces Faucheurs avaient mené des opérations coup de poing dans des enseignes à vocation agricole ou de bricolage et sont poursuivis pour des dégradations devant le tribunal correctionnel de Foix.

Mais, la juridiction ariégeoise a décidé de sursoir à statuer jusqu'à une décision de la CJUE. Ces questions préjudicielles concernent "les méthodes d'évaluation des pesticides en général (...) car les pesticides tels qu'ils sont commercialisés ne sont pas suffisamment analysés", a déclaré Guillaume Tumerelle, l'avocat des Faucheurs volontaires