L'agribashing : une table ronde sur la communication en agriculture

Bruno Simon, technicien à la chambre d'agriculture de la Creuse, menait les débats entre Étienne Fourmont, éleveur laitier et vidéaste, Shayna Darak, administrateur JA Nouvelle-Aquitaine, Jean-Pierre Rouchon, consommateur, et Éric Donzé, chef de rédaction à la Montagne sur la question de l'agribashing.

Pour aborder le thème de l'agribashing, Jeunes Agriculteurs Creuse a invité 4 personnalités à son assemblée générale du 4 avril dernier : Eric Donzé, chef de rédaction à La Montagne, pour représenter les médias, Jean-Pierre Rouchon représentait les consommateurs, Shayna Darak, administrateur JA Nouvelle-Aquitaine représentait la profession et Étienne Fourmont, éleveur laitier et vidéaste, apportait son point de vue sur la communication.

M. Rouchon, consommateur mais aussi ancien commercial dans la filière bovine, a rappelé que la méfiance envers l'agriculture (et non les agriculteurs) a ses origines dans les années 1990, notamment avec la crise de l'ESB. Le consommateur n'est pas formé à faire la différence entre une maladie transmissible et potentiellement mortelle, une maladie non transmissible et même une simple fraude comme de la viande de cheval dans des lasagnes. La plupart n'ont aucune intention d'approfondir l'information, donc par mesure de précaution, les consommateurs lambda classent tout problème lié à l'alimentation dans la case la plus grave à leurs yeux. Les consommateurs veulent des informations claires et faciles à appréhender.
M. Darak a rappelé qu'il existe différents niveaux dans l'agribashing, de l'abolitionnisme pur et simple à l'échelle mondiale à la simple critique. Il est possible de discuter, et même de travailler avec les plus modérés, comme WelFarm ou CIWF. Ce travail est déjà en cours au niveau syndical.
M. Donzé a largement expliqué les raisons qui font que la presse traditionnelle évoque ou non un sujet : « On ne parle pas des trains qui arrivent à l'heure, les gens qui attirent l'intérêt des médias sont ceux qui arrivent à créer de l'événement, quel que soit le domaine. » Force est de constater qu'en effet, les opposants à l'élevage ont de l'imagination et parviennent, même en étant très peu nombreux, à utiliser de façon efficace les médias et les réseaux sociaux.
À propos de réseaux sociaux, Étienne Fourmont a confirmé cette importance du buzz : « Avec les réseaux sociaux, ce qui ne se voit pas n'existe pas ». Il recommande donc aux agriculteurs différents moyens de changer leur image. Se montrer dans les médias n'est plus suffisant et peu efficace face aux jeunes générations. Être actif sur les réseaux sociaux demande un bon mental : « Les attaques font mal, et on ne voit qu'elles, mais si on regarde avec un peu de recul on a finalement bien plus d'encouragements que de critiques. Il faut voir ses attaques plus comme des interrogations de gens qui n'y connaissent rien ». Être transparent en ouvrant les portes de son exploitation est la méthode la plus efficace, car la première personne à convaincre est son voisin (voir encadré).
En conclusion des débats, il a été admis que les agriculteurs doivent communiquer, particulièrement les plus jeunes, qui ont une meilleure maîtrise des réseaux sociaux. Dans cette démarche, il y a un écueil à éviter : l'agressivité. « Il faut rester calme et courtois, répondre simplement et honnêtement, et surtout, dire et montrer la vérité ». « Ne laissez pas les autres parler de VOTRE métier. »