L'export céréalier tient bon malgré les grèves

FranceAgriMer a souligné le 12 février la bonne résistance des exportations céréalières, malgré les grèves. Exemple en blé tendre, les embarquements vers les pays tiers affichent en janvier un « niveau record de plus de dix ans » sur la période.

« On avait de grosses inquiétudes » pour l'export céréalier, a reconnu le président du conseil spécialisé grandes cultures Benoît Piètrement, rappelant les difficultés d'approvisionnement et de chargement dans les ports avec les grèves SNCF, chez les dockers. Une anticipation par la filière et du report modal « ont permis de continuer les expéditions », selon lui. Quant à d'éventuels flux captés par le port d'Anvers (Belgique) au détriment des ports du nord de l'Hexagone, FranceAgriMer ne signale « pas de retour (négatif) des exportateurs ». L'établissement national révise à la hausse les exportations de blé tendre vers les pays tiers à 12,6 Mt (contre 12,4 Mt en janvier) sur 2019-20.

Une demande soutenue

« C'est une très bonne campagne pour les blés français », qui sont « souvent les moins chers », a souligné Marion Duval, de l'unité grains et sucre. Une demande soutenue est notée « vers plusieurs pays, dont les clients historiques », où la France regagne du terrain cédé après la récolte catastrophique de 2016, d'après elle. « Au Maroc, en Afrique subsaharienne, les acheteurs sont très contents de la qualité du blé français », a déclaré Philippe Heusele, président de France Export céréales. Seul bémol, le directeur du même organisme François Gatel a regretté l'impact négatif de la grève en termes d'image de la filière à l'étranger.

Vigilance sur la concurrence russe

Les embarquements vers les pays tiers depuis les ports français affichent 1,285 Mt de blé tendre en janvier, un « niveau record de plus de dix ans » sur la période, relève FranceAgriMer. Premier débouché, l'Algérie apparaît au bout de six mois de campagne en retrait par rapport à l'an dernier (à 2,5 Mt, -25 %). Mais un « rattrapage » est attendu, selon Marion Duval. Point de vigilance, les concurrents russes ont signalé le 7 février avoir reçu une approbation officielle de l'Algérie sur des tests préliminaires à l'ouverture du marché. « Ça ne va pas se faire du jour au lendemain », a considéré Marc Zribi, chef de l'unité grains et sucre à FranceAgriMer, rappelant que le blé russe est jusqu'ici exclu des appels d'offre de l'OAIC, l'office algérien, pour des problèmes qualitatifs. Une autre destination phare pour l'origine France est la Chine, avec 640 000 t embarqué à fin décembre (+391 %). Cette tendance devrait se confirmer, selon Marion Duval, qui a signalé de nouveaux bateaux attendus pour chargement en France. La bonne surprise vient aussi de l'Egypte, avec 720 000 t exporté au 30 janvier (contre 180 000 t l'an dernier à la même date).

Compétitivité de l'orge

Côté orge, l'origine France reste « plutôt compétitive » à l'international, d'après Marc Zribi. FranceAgriMer maintient ses prévisions d'export vers les pays tiers, à 3,5 Mt. Toutefois, des points d'interrogation demeurent sur la demande du Maroc, avec le retour des pluies qui freine les inquiétudes sur la production domestique de fourrage. Vers la Chine, la France a profité d'une moindre présence de l'Australie qui pourrait reprendre des positions après, là aussi, des pluies bénéfiques. Incertitude aussi sur la dynamique d'export de l'Ukraine, habituellement peu présente en fin de campagne mais qui dispose encore des volumes d'orge : les ports ont été encombrés, ces derniers mois, par de fortes disponibilités en maïs. FranceAgriMer abaisse ses prévisions d'export vers l'UE, à 3,7 Mt (contre 3,8 Mt en janvier). En cause, des flux moins élevés que prévu vers le nord de l'UE, et une demande espagnole incertaine vis-à-vis de l'offre française.

JCD