La FNSEA « bouge » à son congrès pour s’adapter aux nouvelles attentes

Comme un vent de positivisme souffle sur la Fédération Nationale des Syndicats d'Exploitants Agricoles qui organise à Tours son 72ème congrès. Face aux mutations de la société, la FNSEA qui veut devenir un syndicat de solutions, compte bien riposter et accompagner les agriculteurs, avec dans le viseur : la compétitivité.

« Le monde bouge ... bougeons ! » Voici le thème choisi par la nouvelle équipe, élue il y a presque un an, pour son 72ème congrès. En effet, les agriculteurs doivent s'adapter à une société qui a des attentes qui évoluent, sans oublier de s'acclimater à la loi issue des Etats généraux de l'alimentation (EGA) pour assurer « la création de la valeur et son équitable répartition. » Pour Serge Papin, PDG de système U « on est à un moment de bascule » car « il y a une prise de conscience. » Constat partagé par Patrick Bénézit, secrétaire général adjoint de la FNSEA, « il y a une véritable volonté politique de faire changer les choses » mais surtout pour l'éleveur bovin, les consommateurs « ne supportent plus » que les agriculteurs ne gagnent pas leur vie. Pour la présidente de la FNSEA « toutes les planètes sont alignées » pour qu'un changement de paradigme s'opère.

Prix référents

« Ca serait quand même dommage qu'on sorte des EGA, qu'il y ait eu des prises de conscience et que rien ne bouge » s'inquiète Serge Papin regrettant que la signature de la charte en 2017 n'ait rien changé. Mais pour amorcer une dynamique et en attendant le travail de calcul des coûts de production par les interprofessions, le PDG de système U propose la mise en place de « prix référents ». Ces derniers constitueraient un prix de base qui pourrait se voir ajouter des compléments en fonction de l'alimentation, du pâturage et autres différenciations face à des produits standards.

Monter en gamme

Pour Patrick Bénézit, l'essentiel c'est « que les coûts de production ne puissent pas être discutés » par les industriels sans oublier que « plus c'est vert c'est plus cher ! » Car oui, toute montée en gamme doit se traduire par des prix en magasin. Pour le secrétaire général adjoint, il faut être vigilant à ce que cette « montée en gamme ne devienne pas le nouveau standard. » Pour que ça fonctionne, « il faut que ça matche entre la démarche et la rémunération des producteurs » insiste Etienne Gangneron agriculteur bio et vice-président de la FNSEA. « Aujourd'hui, il n'y a que l'agriculture biologique qui a réussi. »

Réassurance

Pour Magali Sartre, directrice du développement durable du Groupe Bel, tous les voyants sont au vert puisque « les produits qui ont des indications de rémunération des producteurs ont la préférence des consommateurs. » Après plusieurs crises sanitaires, « les consommateurs cherchent des éléments de réassurance. » Mais selon elle, il faut trouver des manières de valoriser les modes de production et « chasser en meute. » Elle insiste « si chacun reste sur des postures, on n'y arrivera pas. »

« que la loi passe ! »

Et les dernières postures en date remontent à peu, puisqu'il s'agit des dernières négociations commerciales. Et pour Serge Papin le choix est évident, « il faut sortir des négociations commerciales annuelles » qui ne sont rien de plus que « des rounds de négociation » où il y a un « rapport de force intenable » pour faire baisser les prix. L'urgence c'est « que la loi passe ! » Et d'ajouter « tant que la loi n'est pas passée, on est sous l'égide de la LME (Loi de la modernisation de l'Economie, ndlr) » qui a pour vocation de faire baisser les prix. Jusque là « mission accomplie » d'après Serge Papin, puisque les prix auraient baissé de 1,2 milliards depuis 10 ans. La loi issue des Etats Généraux de l'Alimentation est attendue avant l'été.