Lait contaminé : Lactalis dément les accusations du Canard Enchaîné

L’hebdomadaire affirme que Lactalis aurait continué à vendre, fin 2017, 8.000 t de lait en poudre potentiellement contaminé. Le groupe agroalimentaire dément et condamne des accusations sans fondement.

Dans son édition du 24 octobre, le Canard Enchaîné affirme que Lactalis aurait continué à vendre 8.000 tonnes de lait en poudre sortant de l'usine de Craon (Mayenne), épicentre d'une contamination de dizaines d'enfants à la salmonelle, en fin d'année dernière. L'hebdomadaire s'appuie sur des "documents fournis par la préfecture de Mayenne" récemment rendus publics.  "La décision de laisser consommer les 8.000 tonnes de poudre nous a surpris, parce qu'à l'époque on ne savait pas si la tour produisant le lait pour les adultes était elle aussi contaminée. C'était prendre un risque inutile pour la santé publique", a confié au Canard Enchaîné un fonctionnaire de la Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes (DGCCRF), qui a requis l'anonymat.

Lactalis dément

La réponse de Lactalis ne s'est pas fait attendre. "Les 8.000 tonnes visées par le Canard Enchaîné ont été fabriquées sur la Tour 2 non objet de la contamination et conditionnées sur un circuit d'ensachage indépendant. Aussi en toute transparence avec les autorités, ces produits n'étaient pas concernés par le retrait/rappel", a indiqué le groupe dans un communiqué "condamnant fermement" des "accusations sans fondement".  Dans un communiqué publié un peu plus tard dans la matinée, la DGCCRF a indiqué de son côté que « les 8.000 tonnes de lait pour adulte qui ont été produites sur le même site Lactalis entre mi-février et fin novembre 2017 n'ont pas été concernées par le rappel imposé par l'État le 9 décembre 2017 car elles ne présentaient pas les mêmes risques et sont issues d'une autre tour de séchage (tour n°2)". Poursuivant : « «Aucun élément de l'enquête n'a conduit (...) à imposer une mesure de rappel plus large incluant les laits pour adulte". 

Procédure judiciaire en cours

Au total, 53 nourrissons identifiés avaient été atteints de salmonellose en France fin 2017 après avoir consommé du lait infantile des marques Picot et Milumel produit dans l'usine de Craon. Après la découverte de cette contamination, Lactalis avait été contraint de rappeler en janvier l'ensemble de la production de lait infantile de cette usine, distribuée dans 83 pays. Après plus de neuf mois d'une vaste enquête préliminaire, le pôle santé publique du parquet de Paris a ouvert début octobre une information judiciaire contre X pour "tromperie sur les qualités substantielles des marchandises", "blessures involontaires ayant entraîné une incapacité de travail inférieure ou égale à trois mois" et "inexécution par un exploitant du secteur alimentaire de procédures de retrait ou de rappel d'un produit préjudiciable à la santé". Le 18 septembre dernier, le ministère de l'Agriculture avait annoncé que le groupe, numéro un mondial du lait, avait été à nouveau autorisé à commercialiser la poudre de lait infantile produite dans cette usine.