Laurent Wauquiez : "En bio, ne pas faire du chiffre pour du chiffre"

Dans les allées du salon Tech & Bio, à Valence, le Président de la Région Auvergne-Rhône-Alpes réaffirme son soutien à l’agriculture biologique tout en émettant des réserves quant aux risques commerciaux en aval.

Quel sont les engagements financiers de la Région en faveur de la bio ?

Laurent Wauquiez : la Région Auvergne-Rhône-Alpes, c'est 6000 exploitations en bio, une des trois Régions les plus importantes en France. La Région consacre 8 millions d'euros par an à l'agriculture biologique avec un plan sur lequel on a pris un engagement de 31 millions d'euros pour donner de la visibilité. La bio, ce n'est pas un domaine où vous le faites un an et après, vous tirez la couverture, il faut que ce soit fait sur la durée, c'est très important, donc on essaie de donner de la visibilité.

La Région peut-elle viser l'autosuffisance en produits bio ?

L.W. : la question est très difficile, car on a une consommation qui augmente au fur à mesure mais en même temps, j'ai envie de vous dire que la Région doit être plus ambitieuse que cela. On est Auvergne Rhône-Alpes ! L'objectif n'est pas seulement de répondre à une consommation locale, c'est d'avoir une image internationale, c'est ça qui nous intéresse.

La croissance ne risque-t-elle de banaliser la bio et de tirer les prix vers le bas ?

L.W. : il y a un immense risque de compression des prix, moi ma crainte c'est que l'on pousse tout le monde à partir sur du bio et qu'ensuite, on les lâche, avec des prix tirés vers le bas. Il ne faut pas envoyer les gens au massacre. L'objectif, ce n'est pas de faire du chiffre pour faire du chiffre, se vanter de multiplier par trois le nombre d'exploitations bio, si derrière il y a des agriculteurs qui se cassent la figure, cela ne m'intéresse pas. Il faut que l'agriculteur soit techniquement accompagné, qu'on l'aide sur la durée. Dans un autre registre, on voit parfois des politiques se vanter de mettre du bio dans les cantines. Sauf que le bio en question, ce n'est pas toujours du bio qui est fait avec les mêmes règles et les mêmes normes que les nôtres. Les normes, y compris à l'intérieur de l'Europe, ne sont pas harmonisées sur la bio. 

Comment prévenir le risque de banalisation ?

L.W. : il faut faire un travail sur la structuration de la filière en aval. Il faut que l'on ait des filières de transformation derrière pour valoriser les produits. Il nous faut des abattoirs locaux, qui nous permettent de donner de la traçabilité. Il faut accompagner toutes les initiatives valorisant les produits de l'agriculture, c'est fondamental en bio. La Région s'y emploie.