Les agriculteurs bio dénoncent les "incohérences" du gouvernement

Les agriculteurs biologiques réclament le rétablissement des aides publiques supprimées et dénoncent les "incohérences" budgétaires du gouvernement, à quelques jours de la clôture des Etats généraux de l'alimentation (Egalim).

Les producteurs bio demandent 418 millions d'euros sur trois ans pour financer les aides publiques promises, soit 140 millions par an, "une goutte d'eau sur les 7,7 milliards d'euros des fonds PAC", a déclaré la Fédération nationale de l'agriculture bio (FNAB) dans un communiqué publié mercredi. "Il manque des aides publiques pour le bio, dans certaines régions, il n'y a plus d'argent du tout pour financer les aides, nous sommes d'autant plus inquiets que nous venons de comprendre qu'après la suppression des aides au maintien en agriculture bio, le gouvernement envisageait aussi maintenant de réduire à trois ans (au lieu de cinq) les aides à la conversion en bio", a déclaré Stéphanie Pageot, présidente de la FNAB, lors d'une rencontre avec la presse mercredi à Paris. Selon elle, une nouvelle réduction des aides au bio aurait été évoquée lors des récentes discussions Etat-régions sur les transferts de crédits européens.

"L'Etat doit assumer ses choix politiques, et financer sur ses deniers les aides promises", martèle la FNAB, qui dénonce les "incohérences" du gouvernement en matière alimentaire et budgétaire. Ainsi, selon la Fédération, la prolongation du crédit d'impôt annoncé par le ministre de l'Agriculture Stéphane Travert en même temps que la suppression des aides au maintien des exploitants bio à partir de 2018, "va représenter pour l'Etat un coût de 50 à 60 millions d'euros par an, alors que l'aide au maintien supprimée ne coûtait que 10 à 12 millions d'euros par an".   "Stéphane Travert n'a rien à envier à une gymnase est-européenne en matière de grand écart: il a lancé un processus qui se veut participatif (les Etats généraux) qui a généré 35.000 heures de discussions cumulées, et en même temps il a supprimé des aides sans aucun débat" a souligné Stephen Kerkhove, de l'association Agir pour l'environnement, qui ne s'explique pas cette "dissonance cognitive", sauf par un "biais idéologique".

La présidente de la FNAB a particulièrement insisté sur l'avenir d'une promesse faite "à deux reprises" par Emmanuel Macron: "le paiement des services environnementaux rendus par l'agriculture". Dans son discours du Bourget en octobre, le président de la République a parlé de réserver 200 millions d'euros par an pour payer aux agriculteurs les services environnementaux qu'ils rendent à la collectivité (potabilisation de l'eau, vie des abeilles, faune auxiliaire, biodiversité, séquestration du carbone, non-volatilisation des protoxydes d'azote...). "Mais à ce jour nous n'avons été invités à aucune réunion et il n'y a rien à ce sujet dans le projet de loi de finances pour 2018 non plus," a souligné Guillaume Riou, éleveur en Nouvelle Aquitaine et membre du bureau de la FNAB.