Les Chambres d’agriculture ne veulent pas d’un « modèle unique »

Alors que les états généraux de l’alimentation touchent à leur fin, les Chambres d’agriculture détaillent leurs propositions dans un livre blanc, parmi lesquelles un plan d’investissement de 500 millions d’euros. Ce qu’elles souhaitent : proposer des solutions « sur mesure » aux exploitations agricoles.

Les Chambres d'agriculture publient leur « livre blanc sur la multi performance des exploitations agricoles ». Dans celui-ci, elles proposent « un plan global de transition », qu'elles ont choisi de dévoiler quelques jours avant le discours du Premier ministre, une nouvelle étape importante de ces états généraux de l'alimentation.

Ce discours, prévu le 21 décembre, viendra clôturer le deuxième chantier consacré aux questions sociétales autour de l'agriculture. En parallèle, des plans de filière, demandés à toutes les interprofessions, sont toujours en cours de rédaction. Enfin, une loi est attendue de pied ferme par la profession agricole, en début d'année prochaine.

« Le risque de ces états généraux, c'est de sortir sur une profusion de propositions, sans vraiment de cohérence », commente Claude Cochonneau, président de l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA). Il attend donc avec impatience la « synthèse » qui sera faite de ces mois de concertation. 

« Des solutions à la carte »

La rédaction du livre blanc intervient après le « traumatisme de 2016 », rappelle Claude Cochonneau. La crise qui a secoué le monde agricole a fait prendre conscience que « les systèmes d'exploitation étaient trop fragiles », selon lui.

Face à cela, Claude Cochonneau souhaite développer « des solutions à la carte » pour les agriculteurs français, ce qui est « plus compliqué que de proposer un service général ». « On ne peut pas amener l'agriculture vers un modèle unique », renchérit Sébastien Windsor, membre du bureau des Chambres d'agriculture.

Voilà pourquoi l'APCA ne s'est pas retrouvée dans les propositions de l'atelier 11, consacré à la Transition écologique. Celles-ci sont jugées « trop clivantes » par le président des Chambres d'agriculture, qui ne veut « surtout pas opposer les agricultures ».

Selon Olivier Allain, le coordinateur des états généraux, ce sont « les objectifs bio » et le fait de considérer « la polyculture élevage comme base de la transition écologique » qui cristallisent les oppositions dans cet atelier. « Nous ne sommes pas dans le refus », nuance Sébastien Windsor. Celui-ci craint cependant « un cadre très figé » qui ne serait « pas motivant pour les agriculteurs ». Concernant la suppression des produits phytosanitaires, « on n'a pas toutes les solutions pour y arriver », ajoute-t-il. Celui-ci refuse donc que soient fixés des dates ou des objectifs en la matière.

500 millions d'euros pour l'innovation

Au final, plusieurs propositions concrètes figurent dans le livre blanc. À commencer par la demande d'un « fonds d'investissement autour de l'innovation » de 500 millions d'euros. Sébastien Windsor insiste pour que ce plan ne soit pas conditionné « à une liste écrite d'innovations », afin de donner aux exploitants une marge de liberté.

Les Chambres d'agriculture souhaitent aussi améliorer le dispositif des mesures agroenvironnementales (MAE) afin que la prise de risque soit compensée, au-delà de la perte de revenu. Les projets doivent être développés « à l'échelle des territoires », insiste Sébastien Windsor. Ce dernier identifie enfin un besoin « d'accélération de la recherche et de transfert de l'innovation ».

« L'agroécologie n'est pas l'ennemi de la compétitivité »

« On voit bien qu'on est en train de changer de cycle », conclut Olivier Allain, à l'écoute de ces propositions, lors de la conférence de presse de l'APCA. Et de préciser : « l'agroécologie n'est pas l'ennemi de la compétitivité ». Ce dernier rappelle les avancées permises par les états généraux : créer de la valeur et mieux la répartir au sein des filières, via notamment la prise en compte des coûts de production dans les contrats.

Au-delà de ce sujet, Olivier Allain insiste sur la nécessité de « montée en gamme » de l'agriculture française. Celle-ci permettra de « protéger le marché et d'exporter », en distinguant l'offre française sur un plan qualitatif, assure-t-il.