“Les enjeux autour de la santé des plantes sont de plus en plus lourds”

Mouche orientale des fruits, maladie de Panama ou encore virus de la tomate : l’horizon des risques sanitaires auquel fait face la production agricole a doublé en quelques années seulement. Le changement climatique et l’intensification des échanges mondiaux en sont les principales causes, note l’Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses).

L'information n'avait pas fait la Une des médias, et pourtant elle est révélatrice de l'importance du sujet au niveau mondial : l'année 2020 a été proclamée par les Nations Unies "Année internationale de la santé des végétaux". "Cette année est une occasion unique de sensibiliser le monde entier à la manière dont la protection phytosanitaire peut contribuer à éliminer la faim, à réduire la pauvreté, à protéger l'environnement et à impulser le développement économique", indique-t-on à la FAO (Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture), qui rappelle un chiffre-clé : les ravageurs et maladies des plantes causent chaque année jusqu'à 40% de pertes de cultures vivrières.

Or, la santé des végétaux est de plus en plus menacée. "Les enjeux autour de la santé des plantes sont de plus en plus lourds", note Philippe Regnault, directeur de la santé des végétaux à l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses). Deux causes majeures : le changement climatique et la hausse des échanges internationaux, en intensité et en volume. L'introduction en France, par des vacanciers, de végétaux rapportés de l'étranger représente par exemple un risque majeur de contamination. Pour l'édition 2020 du Salon de l'Agriculture, l'Anses a donc choisi de sensibiliser le grand public autour de ce sujet, en invitant les visiteurs à observer les maladies et les ravageurs emblématiques, et à reconnaître les plantes invasives menaçant les écosystèmes et la santé. 

"Ces risques menacent la production agricole, mais aussi la biodiversité", indique Philippe Regnault. Une biodiversité qui, plus elle est déstabilisée, plus le risque de création de nouvelles niches augmente, dans lesquelles les maladies et ravageurs peuvent prospérer. Or, "il n'y a pas d'antibiotiques sur les végétaux", rappelle Roger Genet, le directeur général de l'Anses. La seule solution est l'éradication. "Et avec l'interdiction d'un certain nombre de pesticides, l'éradication de certaines maladies s'avère compliqué", poursuit-il. La prévention et la mise en place rapide de pratiques de confinement est donc crucial pour limiter les risques. 

"Jusqu'à l'an dernier, la France était confrontée à trois émergences sanitaires majeures", explique Roger Genet : le nématode du pin, la bactérie Xylella fastidiosa et la maladie du "dragon jaune" des agrumes. Or, depuis 2019, trois émergences supplémentaires sont apparues, doublant ainsi l'horizon des risques sanitaires : la mouche orientale des fruits (bactrocera dorsalis), la "maladie de Panama" sur les bananes et le virus de la tomate, récemment détecté en France. Concernant ce dernier, l'Anses met en garde le grand public sur le risque d'importation de semences et plants contaminés. "En France, 50% des plants de tomates sont commercialisés au grand public pour les jardins potagers", précise le directeur de l'Anses. Enfin, face à la question du danger potentiel de ce virus pour l'homme, Roger Genet rassure : "les virus végétaux ne se transmettent pas au règne animal".