Perturbateurs endocriniens : lancement d'une nouvelle stratégie nationale

Lister les perturbateurs endocriniens et mieux informer la population... Le gouvernement a lancé le 3 septembre son nouveau projet de lutte contre ces substances susceptibles de causer des problèmes de fertilité, croissance, comportement, voire certains cancers.

Les ministres de la Transition écologique Elisabeth Borne et de la Santé Agnès Buzyn ont signé dans les locaux de l'Agence nationale de sécurité sanitaire (Anses) la deuxième "Stratégie nationale sur les perturbateurs endocriniens" (SNPE). Ces composés chimiques, d'origine naturelle ou artificielle, sont présents dans de nombreux produits de consommation courante - jouets, tickets de caisse, plastiques, peintures, vêtements, produits phytosanitaires... - interfèrent sur le système hormonal, mais sont encore mal connus. Le plan, qui couvre la période 2019/22, charge donc l'Anses d'établir une liste officielle des perturbateurs, en expertisant au moins six substances en 2020, puis neuf par an à partir de 2021.

La première liste sera rendue publique en 2020 et les produits classés sur trois niveaux, "avéré, présumé ou suspecté", ce qui doit notamment encourager l'usage de produits de substitution et permettre une meilleure information du public. Il s'agira d'élaborer "une vision globale" - associant scientifiques, industriels et société civile - de ces produits utilisés dans une multitudes de contextes réglementaires, notamment européens, a souligné Roger Genet, directeur général de l'Anses.

Le gouvernement entend d'ailleurs "demander à la nouvelle Commission européenne, dès son installation, de revoir les règlementations pour mieux protéger sur ces substances, avec une priorité sur les cosmétiques et les jouets", a souligné Mme Borne. Mme Buzyn a de son côté souligné l'importance de cet effort de connaissance scientifique, relevant que "si réellement on a un niveau de certitude important sur un effet pathologique chez l'Homme, le problème est la substitution et l'interdiction".

A l'occasion du lancement de la SNPE, l'établissement Santé publique France a mis en ligne un site agir-pour-bebe.fr, destiné à informer le grand public notamment sur les moyens de limiter l'exposition aux produits chimiques et aux perturbateurs, lors des premières années d'un enfant mais aussi plus largement dans la vie de tous les jours.

En parallèle, Santé publique France a par ailleurs publié le 3 septembre les résultats d'une vaste étude montrant que six "polluants du quotidien", dont certains perturbateurs endocriniens, "sont présents dans l'organisme de tous les Français". Ce qui a conduit par exemple l'ONG Générations futures a regretter que la SNPE n'aille pas plus loin. "On ne peut pas se contenter de ça, ce qui manque beaucoup ce sont des mesures d'interdiction fortes", a déclaré à l'AFP son directeur François Veillerette.