"Rebâtir une souveraineté alimentaire": la FNSEA signe une tribune avec les organisations agricoles

Les syndicats majoritaires (FNSEA et JA), la CNMCCA (MSA, Crédit agricole, Groupama et Coopération agricole) et les chambres d'agriculture (APCA) appellent dans une tribune à "rebâtir une souveraineté alimentaire", enjeu jugé "stratégique" pour un pays qui a externalisé jusqu'à un tiers de la production de certains biens de première nécessité.

"L'histoire retiendra de la crise du Covid-19 qu'elle fut un révélateur de la grande fragilité de nos sociétés face à l'aléa sanitaire, à la difficulté de bâtir une réponse internationale forte et concertée, et à une mondialisation ayant conduit à déléguer à des tiers la production de certains biens, même lorsqu'ils étaient de première nécessité" indique la tribune commune publiée dans le quotidien L'Opinion.

"Rebâtir une souveraineté alimentaire sera le chantier d'une génération. Il ne sera possible que s'il s'inscrit dans une véritable démarche de solidarité" affirment en s'y déclarant "prêts" la FNSEA, les Jeunes agriculteurs (JA), la Confédération nationale de la mutualité, la coopération et du crédit agricoles (CNMCCA), la Coopération agricole, la Fédération nationale du Crédit agricole (FNCA), Groupama assurances mutuelles, la Mutualité sociale agricole (MSA) ainsi que l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (APCA).

Les sept organisations, qui proposent un "pacte de confiance" à la société française pour développer la production alimentaire tout en tenant compte des impératifs écologiques et climatiques, citent les propos du président de la République Emmanuel Macron affirmant le 13 avril le besoin de "rebâtir une indépendance agricole, sanitaire, industrielle et technologique française".

Les signataires soulignent les "fragilités structurelles" d'un système de production qui "menacent notre indépendance alimentaire" : depuis 20 ans, la production agricole "stagne" alors que la population a augmenté de 11% et que le nombre d'agriculteurs a baissé de près de 15% en 10 ans.

De plus, sous l'effet des aléas climatiques, les rendements des récoltes sont "de plus en plus incertains" alors que les importations de produits alimentaires "low cost" augmentent "plus vite que nos exportations", accroissant la situation de dépendance. Les signataires jugent "indispensable" de "développer et, lorsque cela est nécessaire, relocaliser nos filières de production" en "investissant dans les outils de production et de transformation, mais aussi en assurant la transparence sur l'origine des produits".

Pour être indépendants, il faut aussi disposer d'entreprises capables de traverser les crises, ajoutent-ils, en rappelant le nécessaire besoin de compétitivité des entreprises et productions afin de satisfaire toutes les demandes de consommation.

Dans le pacte de confiance, le monde agricole s'engage à "contribuer à la lutte contre le réchauffement climatique par le stockage du carbone, le développement de la biodiversité, l'utilisation raisonnée des intrants, la relocalisation de certaines productions et le développement de circuits de distribution plus courts". Ils soulignent en échange le besoin de "vivre dignement de la vente de leurs productions" ainsi que la nécessité d'inscrire la transition dans un cadre européen et de solidarité avec les pays du Sud.