Relèvement du seuil de revente à perte: "inefficace, voire néfaste" (UFC-Que Choisir)

La proposition faite mercredi par Emmanuel Macron de relever le seuil de revente à perte (SRP) des produits alimentaires, à mi-parcours des Etats généraux de l'alimentation (EGA), est "une réponse inefficace, voire néfaste", estime l'association UFC-Que Choisir jeudi.

M. Macron s'est dit favorable au relèvement du SRP pour les produits alimentaires à condition que chaque filière (lait, viande, céréales, etc) mette en place une "stratégie" propre (restructuration, montée en gamme etc). Le seuil de revente à perte est le prix minimum en dessous duquel les distributeurs n'ont pas le droit de vendre. Cette proposition "est une réponse inefficace, voire néfaste, au problème, bien réel, de revenu agricole pour bon nombre de filières", assure l'association de consommateurs dans un communiqué. Le président a également promis une nouvelle loi, présentée et adoptée via des ordonnances "au premier semestre 2018" qui doit permettre d'inverser "la formation du prix, qui partira du coût de production" établi par les agriculteurs. M. Macron "a cédé aux sirènes de la grande distribution et des gros industriels, curieusement relayées par la FNSEA", souligne Alain Bazot, président de l'UFC-Que Choisir.  

"Comment les agriculteurs verraient-ils la couleur de l'argent promis par les promoteurs de cette mesure ?", s'interroge-t-il. "Pourquoi et comment le fait d'obliger les grandes surfaces à vendre plus cher leurs produits les amènerait à les acheter plus cher à leurs fournisseurs industriels, et conduirait ces mêmes grands industriels de l'agroalimentaire à rémunérer davantage les paysans pour la matière première ?".   "D'autres solutions faisant gagner agriculteurs et consommateurs existent", affirme M. Bazot, avant de conclure: "Ce qui est sûr, c'est qu'il ne sera pas question d'accepter de simples engagements des professionnels, de véritables garanties devront être fournies".  

Mardi, dans une lettre ouverte au président de la République, les quatre principales associations de consommateurs (UFC-Que choisir, Unaf, CLCV et Familles rurales) avaient exprimé leur "opposition quant à l'éventuel relèvement du SRP", qui se traduirait selon elles, "dès 2018 par une hausse des prix de 2,4% sur les rayons concernés (les produits des grandes marques, ndlr), soit 1,4 milliard d'euros".