Revalorisation des retraites agricoles : Chassaigne (PCF) a envoyé un SMS à Macron pour sauver la proposition de loi

Le président du groupe communiste à l'Assemblée, André Chassaigne, a adressé mercredi un SMS à Emmanuel Macron afin de sauver sa proposition de loi visant à revaloriser les pensions agricoles, dont l'adoption définitive au Sénat est menacée par un amendement gouvernemental.

"J'ai envoyé un texto au président de la République en lui disant que c'est une erreur politique", a annoncé M. Chassaigne devant la presse. Sa proposition de loi qui avait été votée à l'unanimité à l'Assemblée il y a un an prévoit une retraite agricole à 85% du Smic net pour une carrière complète de chef d'exploitation au 1er janvier 2018. Elle a été adoptée sans modification en commission par le Sénat qui l'examinera mercredi soir en séance publique.

Mais le gouvernement a déposé mercredi matin un amendement repoussant à 2020 son application, estimant que "l'amélioration des petites pensions agricoles ne peut être envisagée indépendamment des autres évolutions qui affectent notre système de retraites".

Pour faire passer son projet, il a décidé de demander un vote bloqué, conformément à l'article 44-3 de la Constitution, c'est-à-dire que les sénateurs devront se prononcer par un seul vote sur le texte, amendement compris. "Cela veut dire que si l'amendement tombe, tout le texte tombe. Et que si le texte est adopté, la réforme est reportée à 2020", s'est indignée la présidente du groupe CRCE (à majorité communiste) au Sénat Éliane Assassi.

"Rapetisser le pouvoir législatif"

"On ne peut pas accepter ce coup de force sur un texte qui fait l'unanimité au parlement et chez les retraités agricoles", a-t-elle ajouté. "Nous sommes dans un moment politique d'une extrême gravité, où le président de la République bafoue la démocratie et le parlement", a-t-elle encore dit. M. Chassaigne a pour sa part établi "un lien direct avec la réforme constitutionnelle, qui montre bien que son objectif est de rapetisser le pouvoir législatif".

Pour la sénatrice Cécile Cukierman, l'amendement du gouvernement "ne vaut pas garantie que la revalorisation des retraites agricoles arrivera dans deux ans". "Ce coup de force contre le parlement, qui vient après les ordonnances, illustre le mépris de l'exécutif envers le travail des parlementaires", a-t-elle dit. "Après cela, la question du nombre de parlementaires n'est plus qu'un non-événement".